A la Une: crash du Vol MH17, une ombre dans le ciel d'été

La presse revient bien entendu sur le crash du vol de la Malaysia Airlines hier à l’est de l’Ukraine. « Abattu », c'est le mot qui revient le plus dans les journaux, trois syllabes à la une notamment du Parisien, à propos de ce Boeing qui transportaient 298 personnes, dont peut-être des Français, selon le président François Hollande. Il l'a annoncé hier depuis Abidjan, où il a débuté sa tournée africaine. Quelles que soient leurs origines, tous les passagers auraient disparu dans le crash. Alors, on retrouve les mêmes photos partout des débris de l'appareil : quelques roues ici, un reste de réacteur là, sur un sol encore fumant, des restes du Boeing 777, inspectés par des combattants pro-russes. On retrouve aussi des photos des scènes terribles des parents des victimes en pleurs à l'aéroport de Schiphol à Amsterdam où devait atterrir le vol MH17.

La thèse d'un tir de missiles par les forces pro-russes est celle qui revient le plus dans la presse ce matin, même si certains, plus prudents préfèrent parler de « terrible suspicion » comme le journal La Provence.

Alors pourquoi une telle suspicion ? A cause entre autres de ce message posté sur Facebook, « peu de temps après le crash par un chef séparatiste ukrainien qui indiquait que les insurgés pro-russes avaient abattu un avion, mais, pensait-il, de transport militaire ukrainien. En apprenant que l’appareil était un avion de ligne, le message aurait été retiré », rapporte Le Parisien. Le Boeing de la compagnie Malaysia Airlines, dont l'équipage n'avait signalé aucun problème avant de s'écraser, volait vraisemblablement à 10 000 mètres d'altitude au-dessus de l'Ukraine, dans la région de Donetsk, en guerre on le sait, entre pro-russes et l’armée ukrainienne, lorsqu'il s'est écrasé subitement. Le Parisien se demande quand même si « les dissidents pro-russes ont un armement assez sophistiqué pour abattre un avion volant à une telle altitude ». Car « pour aller si haut et toucher un avion non visible à l’œil nu, estime Xavier Tytelman, expert en sécurité aérienne, il faut forcément un système complexe de lancement, ou bien un avion de chasse ».

Et fort justement, le Parisien parle d'une ombre dans le ciel, celle d'un avion, le symbole des vacances modernes, sans doute abattu donc, en pleine trêve estivale, pour nous rappeler au bon souvenir « de la folie du monde », selon les mots du Parisien.

Le tir de trop

La presse unanime craint désormais l'escalade militaire dans la région. C'est « un tournant dans la crise ukrainienne » estime Arnaud de la Grange dans l'éditorial du Figaro, pour qui, si la thèse du missile est avérée, « ce serait un crime impardonnable et une faute majeure ». « Un tir de trop », estime encore ce dernier, « car l'opinion et les chancelleries, qui s'habituaient à la litanie des victimes, soudain se réveillent ». Le Figaro qui s'interroge sur ce sort qui s'acharne sur la compagnie Malaysia Airlines, quatre mois après la disparition du vol MH 370 entre Kuala Lumpur et Pékin, avec 239 passagers à bord. En tous les cas, ce crash a causé une onde de choc mondiale, estime le Figaro. Une terrible tragédie selon les propres mots de Barack Obama, « qui rappelle au monde que l'Ukraine est en guerre », renchérit François Sergent dans Libération qui se demande encore si « la Russie qui a selon Kiev, abattu cette semaine deux appareils militaires ukrainiens, ne peut pas être suspectée à son tour ».

La guerre des mots

Et la presse étrangère réagit elle aussi face à ce nouveau drame. « Seul Vladimir Poutine peut arrêter cette guerre » estime Le New York Times. Le conflit ukrainien dure depuis trop longtemps, et commence à prendre des proportions dangereuses. Mais pour l'instant lit-on encore, « le président Poutine a préféré se porter en victime de la manipulation américaine ». Et le grand quotidien américain d'ajouter : « Puissent les victimes innocentes de ce crash, influencer le président Poutine pour qu'il mette un terme à ce jeu inutile ».

Et sur le site du grand média russe en français la Voix de la Russie, le président Vladimir Poutine estime pour sa part que la responsabilité de ce crash incombe à l'Ukraine. Il aurait même proposé de commencer une réunion tard dans la nuit, à Moscou, par une minute de silence à la mémoire des victimes de l'accident. Pour la Voix de la Russie, le président russe aurait déjà donné des instructions appropriées aux militaires russes pour qu'ils accordent une assistance indispensable dans l'enquête de ce crime. Et c'est là, toute la crainte du premier ministre malaisien, Najip Razak, relaye le journal britannique The Guardian de voir ces preuves disparaitre, alors que les débris de l'avion sont contrôlés par les combattants pro-russes.

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