Les objets connectés en panne d’électricité

Cinquante-neuf milliards d’euros sont gaspillés chaque année en pure perte par le mode veille de dispositifs high-tech particulièrement énergivores et continuellement reliés au Web. Selon le nouveau rapport de l'Agence internationale de l'énergie, la prolifération des appareils connectés en permanence menace, à court terme, la planète d’une pénurie d’électricité.

Nouvel eldorado pour l’industrie du high-tech qui espère des retombées économiques colossales, promesse d’un monde numérisé entièrement maitrisé par ses utilisateurs, l’Internet des objets colonise peu à peu notre environnement quotidien.

Son concept repose sur une idée simple, il s’agit d’associer des puces électroniques aux choses que l’on utilise et de les connecter au réseau. Le nombre d'appareils sans fil reliés à la Toile devrait dépasser les 30 milliards d'ici à 2020. Leur valeur globale, selon le cabinet Gartner, est estimée à 19 000 milliards de dollars. Dans six ans à peine, nous verrons peut-être la fin de l’Internet tel que nous le connaissons, un monde numérique où les données circulant sur le réseau ne seront plus le seul résultat des activités électroniques humaines. Elles seront remplacées par les conversations incessantes que les milliards d’appareils sur le Web échangeront entre eux. Un problème cependant compromet l’avenir radieux du monde des objets connectés : ce sont de véritables gouffres à énergie.

L’Agence internationale de l'énergie sonne l’alarme, les appareils connectés en permanence représentent un gâchis énergétique insoutenable, que l’AIE chiffre dans son dernier rapport, à 59 milliards d’euros pour l’année 2013. Une facture salée qui risque de s’alourdir d’ici à 2020 atteignant les 120 milliards avec la déferlante annoncée de l'Internet des objets. L’agence, dans son étude, démontre que le « network standby » est une chimère, nos joujoux high-tech restent toujours en ligne, même quand nos appareils ne sont pas utilisés ou en mode « veille ». Le repos électronique des objets reliés au Web est donc une illusion, qui est aussi énergivore que les appareils en plein fonctionnement. « En utilisant des technologies actuelles et réellement fonctionnelles, nous pourrions réduire de 60% » ce formidable gaspillage, estiment les auteurs du rapport.

Dans ses conclusions, l’AIE invite les politiciens, les concepteurs et les industriels à relever le défi énergétique que pose l’avènement de l’Internet des objets, avant que la planète, gavée d’électricité, ne subisse ses premières coupures intempestives de courant. Vous avez des questions ou des suggestions, vous pouvez nous écrire à nouvelles.technologies@rfi.fr

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