Il faudra de toute façon un médecin, mais CardioPad se place en fait en intermédiaire, entre un patient en zone rurale, par exemple, et un médecin basé ailleurs, pourquoi pas dans une ville. La tablette est à peine plus grande qu'un livre de poche, connectée par Bluetooth à des électrodes. Une fois posées, elles envoient directement les données à la tablette, en clair, l'électrocardiogramme du patient s'affiche sur la tablette. Mais les données en elles-mêmes n'ont de sens que si elles sont accessibles à un médecin. C'est tout l'intérêt de la tablette : elle envoie - par le réseau de téléphonie mobile - les informations recueillies à un centre adapté, pour qu'elles soient analysées par un spécialiste. Ensuite, les prescriptions du spécialiste peuvent être administrées par un médecin local. Mais avec 7 heures d'autonomie, c'est maintenant la tablette qui va vers le patient, même dans les zones sans électricité, ce qui évite au malade non seulement de se déplacer, mais aussi de très longues attentes pour être examiné.
D'après le gouvernement camerounais, il y aurait moins de quarante spécialistes cardiologues pour une population de vingt millions d’habitants et les campagnes sont évidemment les moins bien loties en la matière. D'après son créateur, la tablette CardioPad pourrait réduire le taux de décès dû aux problèmes cardiaques, qui est de 22% en Afrique centrale, selon l’OMS. Le but de Marc Arthur Zang Adzaba, c'est aussi de faire baisser les coûts des soins au Cameroun. Pour l'instant, la tablette coûte environ 2 000 dollars, « soit moins de la moitié du prix des solutions concurrentes », d'après son créateur. Les CardioPads sont actuellement réalisées à cheval entre la Chine et le Cameroun, mais Marc Arthur Zang espère transférer toute la production au Cameroun, au cours de la prochaine décennie.
Pour l'instant, il y a 30 CardioPads en circulation au Cameroun. Mais l'enjeu est aussi économique. Marc Arthur Zang a été contacté par plusieurs sociétés, pour prendre des partenariats. Des sociétés seulement intéressées par l'aspect commercial et financier, dit-il. Ce que le jeune entrepreneur désire, c'est entretenir l'esprit qui l'a motivé à créer le projet : une entreprise tournée vers le patient... d'ailleurs, pour l'instant, CardioPad se finance surtout grâce aux sommes liées aux divers prix reçus ces 2 dernières années, comme le prix Rolex à l'esprit d'entreprise cette semaine. Le but, c'est non seulement de produire plus de tablettes, mais aussi d'en créer une nouvelle, pour les échographies.