L’Inde poursuit en Suisse sa guerre contre l’évasion fiscale

L'Inde persévère dans la traque aux évadés fiscaux, notamment en Suisse où l'on a appris en début de semaine que les avoirs déposés par des citoyens indiens ont augmenté de plus de 40% entre 2012 et 2013.

 

Cette information a fait sensation en Inde. D'autant plus qu'elle émane de la très sérieuse Banque nationale suisse. Immédiatement, les rumeurs faisant état d'une liste des évadés fiscaux prochainement transmise à New Delhi ont provoqué pas mal d'émoi, entre la curiosité de voir des personnalités épinglées et le doute sur la volonté réelle du gouvernement de se lancer dans une telle opération vérité.

Le Premier ministre Narendra Modi a été élu pourtant pour lutter contre la corruption. La chasse aux évadés fiscaux fait donc partie des dossiers très médiatisés du nouveau gouvernement. Une équipe a été spécialement constituée pour mener l'enquête, identifier les fonds et les rapatrier. La coopération avec la Suisse fait donc partie de cette mission.

Selon le rapport réalisé par les Suisses, les avoirs détenus par des citoyens indiens dans des banques helvètes se monteraient à 2,3 milliards de dollars. Un chiffre qui met fin aux phantasmes véhiculés dans l'imaginaire populaire sur les torrents d'argent planqués à l'étranger par les nouveaux nababs indiens. Car on parle volontiers en Inde des 1 400 milliards de dollars évanouis dans des paradis fiscaux au cours des dernières décennies. Ce chiffre astronomique est une estimation faite en 2009 par des experts. Un an plus tard, l'un des auteurs refait ses calculs et estime finalement que l'évasion porterait plutôt sur 500 milliards de dollars. La Suisse n'abriterait donc qu'à peine 0,5% du magot échappant à l'impôt.

En traquant les évadés fiscaux cachés en Suisse, le gouvernement indien mène une première bataille

Il est loin d'avoir gagné la guerre. C'est en amont que le gouvernement devrait agir surtout. Retrouver les coupables, récupérer l'argent, c'est bien. Empêcher que la faute ne soit commise, c'est mieux. Mais comme de nombreux autres pays en développement, l'Inde a une administration fiscale faible, pas assez compétente, efficace et transparente pour mener ce combat de titan. Car l'économie souterraine est un phénomène massif. Elle fait partie du quotidien de tout un chacun.

Dans une tribune récemment publiée dans le New York Times, le journaliste et romancier indien Manu Joseph fait remarquer que ceux qui ont manifesté dans la rue contre la corruption sont aussi ceux qui trouvent normal de payer un dessous de table dans une négociation immobilière ou de s'approvisionner en devises par des moyens détournés pour importer des marchandises. Dans un pays où seulement 3% des contribuables paient l'impôt, en ayant pris soin au préalable de dissimuler une partie de leur revenu, l'évadé fiscal est devenu dans l'imaginaire collectif le principal suspect.
 

 

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