Mohamed Abdelaziz: «Les extrémistes sont un problème pour la Libye»

On votait hier, mercredi 25 juin, en Libye. Mais ces élections législatives avaient-elles un sens dans un pays déchiré par de multiples conflits et menacé par la montée des jihadistes ? Mohamed Abdelaziz est le ministre libyen des Affaires étrangères. Il est à Malabo pour assister au 23e sommet de l’Union africaine. Il répond aux questions de Christophe Boisbouvier.

RFI: Depuis plusieurs mois, la Libye est entrée dans un cycle de violences. Quelle est la crédibilité de ces élections législatives ?

Mohamed Abdelaziz : C’est très important pour pousser le processus de démocratie en Libye. Nous avons un grand problème en ce qui concerne l’extrémisme en Libye. Il y a beaucoup de groupes religieux qui sont contre le processus démocratique. Malheureusement l’Etat n’a pas les moyens, particulièrement la défense et la police pour neutraliser ces groupes. Mais en même temps, nous sommes beaucoup pour le dialogue entre le gouvernement et les groupes qui sont très extrémistes pour assurer que l’élection se passera bien. Mais ce groupe représente un gros problème pour la Libye.

Donc ces élections législatives, c’est une réponse aux extrémistes religieux ?

Ce n’est pas une réponse, c’est un processus politique. Nous avons commencé le congrès national, et après le mandat de ce congrès s’est terminé depuis le mois de février, alors il faut organiser une autre élection pour le nouveau Parlement parce que le nouveau Parlement établit aussi un gouvernement nouveau pour guider le processus politique jusqu’à la fin de l’année.

Est-ce que pour vous, ces élections c’est un moyen de faire échec aux extrémistes religieux ?

Le résultat des élections peut donner un message politique très fort en ce qui concerne l’extrémisme en Libye. Pour tous les gens, la Libye et le processus sera un grand message politique que le processus démocratique. Si ça marche, un grand message pour tous les Libyens qui sont extrémistes, les Libyens qui ne le sont pas.

Est-ce que ces élections, c’est pour donner une légitimité au futur gouvernement ?

Exactement.

Il y a une situation à peu près stable dans l’Ouest. En revanche, il y a une situation très instable dans l’Est, en Cyrénaïque, notamment à Benghazi et Derna. Comment faire des élections dans une région aussi troublée ?

C’est difficile mais il y a la détermination du gouvernement. Nous comprenons bien qu’il y a des difficultés parce que l’existence de l’extrémisme, c’est un aspect négatif pour la démocratie et, en même temps, il faut avoir de la détermination politique pour réaliser les élections pour continuer le processus démocratique.

Mais est-ce que la Cyrénaïque et la ville de Benghazi ne sont pas déchirées entre d’un côté les extrémistes religieux et de l’autre, le général Khalifa Haftar ?

Non vraiment, le général Hafar n’est pas contre l’élection. Le général Haftar est contre l’extrémisme. En même temps, pour le processus démocratique, nous avons Derna parce que Derna est contrôlé par l’extrémisme, malheureusement peut-être qu’elle ne peut pas avoir une élection. Mais il y a beaucoup d’efforts pour avoir des élections à Derna. Il y a des quartiers de Benghazi qui présentent des difficultés aussi, mais j’aimerais bien vous assurer qu’il y a beaucoup d’efforts des gens qui sont très sages pour avoir un dialogue avec les chefs des extrémismes là-bas pour faciliter, pour aider le processus d’élection.

Donc pour vous, le général Haftar c’est un démocrate ?

Pour moi, monsieur Haftar a son nom dans l’agenda. Mais monsieur Haftar bénéficie d’un soutien populaire en ce qui concerne son rôle pour combattre l’extrémisme dans cette région de la Libye.

Il y a beaucoup d’insécurité dans le sud de la Libye, est-ce qu’il y a un danger terroriste dans le Sud ?

Il y a un conflit entre les tribus. Il y a les Toubou, les Ouled Souleimane et, en même temps, il faut aider les deux parties pour avoir un dialogue pour éviter les problèmes dans le Sud.

Est-ce que vous accepteriez la présence d’une force internationale dans le sud libyen ?

Non, nous n’acceptons rien. Tous les gens de la Libye sont contre la présence des forces internationales. Mais à l’avenir je ne sais pas, peut-être cette situation politique changera. Peut-être le Conseil de sécurité peut décider s’il y a nécessité de cette intervention dans les affaires de la Libye, pour calmer la situation à l’avenir. Mais pour le moment, nous n’acceptons pas de forces internationales.

Le mois dernier, l’armée algérienne est entrée sur votre territoire sur une profondeur de plus de plusieurs dizaines de kilomètres. Qu’est-ce que vous en pensez ?

J’ai parlé avec mon ami, le ministre algérien des Affaires étrangères, il m’a confirmé jusqu’à hier qu’il n’y a pas de troupes algériennes sur le territoire de la Libye. Il n’y a aucune confirmation de la présence des troupes de l’Algérie sur le territoire libyen.

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