La Banque centrale a demandé à son comité monétaire de réfléchir à des mesures ciblées pour encadrer le marché immobilier et elle présentera demain ces mesures si elle les juge nécessaires. L'ampleur de l'annonce reflètera en quelque sorte le niveau du risque estimé. Le marché est-il vraiment en surchauffe ? Le prix de la pierre a bondi de 10% en un an, a-t-on découvert avec stupeur au mois d'avril. Ce chiffre alimente la thèse de la formation d'une bulle immobilière comme le pointait récemment le Fonds monétaire international. Mais ce chiffre est une moyenne... trompeuse. Hors de Londres, les prix sont toujours inférieurs à leur niveau de 2008. C'est surtout dans la capitale qu'une bulle est en train de se former avec des prix en hausse de 17%. Car les luxueuses résidences londoniennes sont devenues les instruments de placement favoris des oligarques et autres grandes fortunes des pays émergents soucieux de préserver leur capital. Ces acheteurs ne regardent pas à la dépense et ils ne seront donc pas influencés par l'encadrement du crédit que pourrait envisager la Banque d'Angleterre. Il faudra imaginer d'autres moyens pour juguler la surchauffe.
Car elle met en péril la reprise ?
La crise immobilière étant souvent le prélude à une débâcle de grande ampleur, il est préférable de contrôler ce risque. D'autant plus que la reprise britannique est encore déséquilibrée. Il y a bien de la croissance : presque 3% prévu pour cette année, c'est prodigieux. De l'emploi, des vrais emplois, le niveau de l'emploi à temps complet est revenu à celui de 2008. Mais d'autres indicateurs sont inquiétants : la production manufacturière, par exemple, elle n'a toujours pas rattrapé le niveau de 2008. Le Royaume-Uni est le seul pays membre du G7, avec l'Italie, à accuser ce retard. L'endettement des ménages est également troublant, il est bien plus élevé qu'en zone euro. L'argent facile offert par un taux d'intérêt faible, il est maintenant de 0,5%, a permis cet endettement, mais le moindre choc financier pourrait provoquer un atterrissage brutal.
Ces faiblesses n'ont pas l'air de préoccuper le gouvernement de David Cameron
A la différence des pays de la zone euro qui ont commencé à restaurer leurs finances publiques avant de penser à relever leur économie, le gouvernement britannique s'est concentré sur le retour de la confiance. La Banque d'Angleterre a injecté des liquidités et l'Etat a massivement dépensé en 2012 pour ramener la confiance et donc amener les ménages à acheter. Ce qui a plutôt réussi. Maintenant que le moteur de la consommation est reparti, que les usines tournent à plein régime, le gouvernement espère voir l'investissement prendre le relais. Si ce schéma fonctionne, la production du Royaume-Uni pourrait bien dépasser celle de la France et du Japon dès 2015, estime la Coface, l'assureur-crédit des entreprises françaises. Cela bien sûr à condition que la bulle immobilière supposée ou réelle se dégonfle avant qu'elle n'éclate.