Le taux d'intérêt est à l'économie ce qu'est le médicament pour un malade souffrant de tension artérielle. C'est-à-dire un outil déterminant pour ranimer l'économie ou au contraire pour calmer l'exubérance des marchés, mais comme tout médicament, il n'est pas dénué d'effets secondaires dangereux. C'est donc un remède à doser avec une extrême prudence pour éviter la crise cardiaque, c'est-à-dire une crise financière ou au contraire un collapse, à savoir une économie à l'arrêt faute d'incitation à investir. Depuis la crise de 2008, les banques centrales du monde entier, Réserve fédérale en tête, ont fortement abaissé les taux d'intérêt pour faire circuler l'argent dans l'économie, pour ranimer le malade. La Fed ne va d'ailleurs pas changer son fusil d'épaule à court terme, et son principal taux devrait rester inchangé à 0,25%. Cela a permis le redémarrage, mais cela a aussi dopé la bourse avec de l'argent bon marché pour prendre des risques.
Les investisseurs redoutent aujourd'hui que cette parenthèse ne se referme trop brutalement
Pour eux, le plus tard sera le mieux. C'est-à-dire pas avant 2015. Et ils aimeraient un calendrier précis pour s’y préparer. Ils sont d'autant plus nerveux qu'un banquier central de premier plan, Mark Carney, qui gouverne la Banque d'Angleterre, a laissé entendre la semaine dernière qu'il pourrait relever les taux plus vite que prévu. C'est pour faire retomber la pression sur le marché immobilier où une bulle est en train de se former que Mark Carney envisage une hausse du taux britannique. La manœuvre est risquée, il ne faudrait pas briser l'élan de la reprise. Aux Etats-Unis, une baisse des taux prématurée pourrait provoquer un crack de la bourse, là encore c'est plutôt fâcheux pour entretenir un climat de confiance indispensable à la reprise. Les déclarations de Janet Yellen à l'issue du comité monétaire seront donc très écoutées, et sans doute très calibrées. La présidente de la Fed pourrait certes évoquer une hausse des taux à partir de l'année prochaine, mais en tenant compte des prévisions qu'elle va publier pour la croissance, l'inflation et le chômage.
Les taux d'intérêt proche de 0 ont profité à la bourse… et appauvri les banques centrales
C'est ce que révèle un rapport de l'Omfif, le Forum des institutions monétaires basé à Londres. Les banques centrales ont du s'asseoir sur 200 à 250 milliards de dollars de revenus suite à la baisse des taux d'intérêts, constate l'auteur de l'étude. Ces pertes virtuelles ont été en partie compensées, mais globalement les banques centrales ont vu leurs réserves s'affaisser. C'est pourquoi certaines d'entre elles ont commencé à diversifier leur portefeuille en prenant des participations dans des entreprises cotées. Un virage inattendu de la part d'établissements prudents par nature et par tradition. Et surtout un nouveau facteur de surchauffe pour des marchés déjà sous haute pression.