Le monde entier aura les yeux braqués sur São Paolo ce jeudi, où débute la 20ème Coupe du monde de football. Le monde entier, et en particulier l’Afrique, où à l’instar du Brésil, le ballon rond est un objet sacré.
Justement, « que roule le ballon ! », s’exclame Le Soleil au Sénégal. Avec cette question : « et si cette fois, c’était la bonne ? » Et si cette fois, une équipe africaine arrivait à se hisser au plus niveau ? Le Soleil garde les pieds sur terre. « Ce serait déjà une belle victoire sur elle-même et un beau clin d’œil à l’histoire si l’Afrique parvenait cette année à placer une de ses cinq représentantes au-delà du Grand huit. » Au-delà des quarts de finale, donc. Seulement trois équipes du continent l’ont fait : le Cameroun en 1990, le Sénégal en 2002 et le Ghana en 2010. Alors « chiche ! », s’exclame Le Soleil.
En effet, renchérit le site d’information Guinée Conakry, « l’Afrique, avec ses cinq représentants, espère juste figurer enfin au rang des demi-finales. Un défi qui ne sera point facile à relever, estime-t-il, eu égard de la forme réelle qu’affichent les cinq équipes africaines, mais aussi en raison du gabarit des adversaires réels et potentiels qu’elles auront en face. Ce qui n’empêchera pas le continent de vibrer au rythme de la compétition et d'espérer toujours plus. »
Alors revue de détail : « il serait très étonnant que le Cameroun de Samuel Eto’o s’extirpe de la poule A pour se hisser au rang des huitièmes de finale, estime Guinée Conakry Infos. La méforme relative de l’équipe et les conditions chaotiques de sa préparation ne mettent pas les Lions indomptables dans les dispositions qui incitent à l’optimisme face au Brésil et au Mexique. (…) En revanche, la Côte d’Ivoire peut prétendre à la première place du groupe C, avance le site guinéen, dont les autres composantes sont la Colombie, la Grèce et le Japon. (…) En ce qui concerne les Super Eagles du Nigeria, poursuit-il, l’équation du premier tour semble moins compliquée. Logés dans le groupe F, les hommes de Stephen Keshi ont des atouts pour accompagner l’Argentine de Messi aux huitièmes de finale. Et une fois à ce niveau, il n’est pas exclu que le duel potentiel entre les aigles nigérians et le coq français tourne en faveur des premiers. (…) Les Ghanéens, eux, n’ont pas été gâtés par le tirage au sort, relève Guinée Conakry Infos. Aussi déterminés et efficaces que puissent être les Black Stars, elles n’ont que très peu de chance d’aller au-delà des phases de poule. Parce qu’en face, il y a le tandem formé par les ogres allemand et portugais. Enfin, relève encore le site guinéen, au sujet de l’Algérie, le pronostic est particulièrement difficile. »
Au final, estime L’Observateur Paalga au Burkina, deux équipes sortent donc vraiment du lot : « une fois de plus, la génération dorée de la Côte d’Ivoire part avec la faveur des pronostics même s’il faut encore croiser les doigts pour que Drogba, Yaya Touré et compagnie fassent mieux qu’aux éditions précédentes, dans un groupe C relativement à leur portée avec la Colombie, la Grèce et le Japon. Les Supers Eagles du Nigeria ont également de bonnes chances de prendre leur envol du groupe F devant la Bosnie et l’Iran ; l’Argentine de Messi étant d’ores et déjà favorite. »
Retards et grogne
Sur le plan de l’organisation à présent, les journaux du continent pointent les insuffisances des Brésiliens… Le Pays au Burkina s’étonne : « voilà, jusqu’au jour J, des travaux ne sont pas encore achevés et on apprend que le stade de Sao Paulo où va se jouer le match d’ouverture ce 12 juin, ne sera pas prêt à 100%. Impensable, pourrait-on dire. Si cela se passait en Afrique, on aurait crié au scandale sur tous les toits et vociféré que les Africains sont des incapables. Heureusement qu’en la matière, l’Afrique du Sud a su bien relever le défi en accueillant le monde du football en 2010 avec des infrastructures dont il n’y avait rien à redire. »
La Tribune, en Algérie, insiste, elle, sur la grogne sociale qui a précédé la fête : « une grogne sociale qui aura atteint, par certains moments, des proportions inquiétantes sur les conditions de déroulement de la messe footballistique, affirme le quotidien algérien. Une situation qui a incontestablement mis dans l’embarras la présidente Dilma Roussef, elle-même issue des milieux ouvriers. » Dilma Roussef qui s’est justifiée, relève La Tribune : « nous avons réduit les inégalités à des niveaux impressionnants en élevant à la classe moyenne, en l’espace d’une décennie, 42 millions de personnes et en soustrayant de la misère 36 millions de Brésiliens. » Commentaire du quotidien algérien : « ces chiffres peinent cependant à dissiper la grisaille économique et sociale que traduit l’annonce de difficultés pour achever certains programmes sociaux, ainsi que le retard pris sur le calendrier de réalisation des travaux, y compris dans quelques enceintes prévues pour le Mondial. »
En tout cas, le « grand show commence », constate Le Temps, toujours en Algérie… « Les regards du monde entier seront tournés dès ce soir et jusqu’au 13 juillet vers le Brésil, La Mecque du football. »