RFI : Vous venez d’être réélu à la tête du parti socialiste, qu’est-ce que vous voulez apporter de nouveau à votre parti ?
Mon engagement, une nouvelle détermination pour approfondir notre démocratie.
Le congrès qui vous a élu s’est déroulé dans une ambiance assez particulière avec notamment beaucoup de confusions et de polémiques autour du retrait de la candidature d’Aïssata Tall Sall. Qu’est-ce qui s’est passé réellement ?
Jusque-là nous avions fait des primaires, il n’y avait qu’un candidat. Cette fois, il y en avait deux, il fallait organiser un scrutin. De bonne foi, Khalifa Sall, le secrétaire chargé de la vie politique, avait estimé que lorsqu’il y a une compétition, ça peut toujours laisser des traces. Il avait entrepris de faire en sorte que la compétition se fasse autour de ma seule candidature. Cela a posé quelques problèmes puisque la candidate elle-même avait dit qu’elle ne s’était pas désistée. A partir de ce moment-là, la procédure qui était en cours a continué et le scrutin a donné les résultats qui sont sans équivoque.
Cela dit, ça laisse quand même des traces, est-ce que vous ne craignez pas que cette frustration qui s’est exprimée lors du renouvellement du bureau réapparaisse et que par exemple, des gens comme Aïssata Tall Sall ou d’autres, créent des mouvances au sein du Parti socialiste comme ça a déjà miné le parti dans le passé ?
Le scrutin a été transparent et crédible, les dysfonctionnements qui ont eu lieu ne sont pas de nature à avoir une quelconque conséquence sur ces résultats. Il faut tourner la page des renouvellements et nous mettre au travail dans un esprit consensuel et de solidarité.
Il y a deux ans, vous disiez que l’élection de 2012 serait votre dernier combat, avez-vous changé d’avis ?
Ce pour quoi je suis en train de travailler, c’est de rassembler le parti. A trois ans de 2017, ce n’est pas utile de lancer encore un débat parce que sinon nous serons en campagne électorale permanente. Mais le moment venu, le parti se réunira, analysera la situation et prendra la décision qui est la meilleure pour l’avenir de notre parti, au sein de la coalition dans laquelle nous travaillerons.
Venons-en aux élections locales du 29 juin 2014, il y a eu beaucoup de divisions pendant toute la période où il a fallu composer les listes de Benno Bokk Yakaar dans plusieurs localités. Quelles incidences est-ce que ça aura ces divisions là sur l’unité de Benno Bokk Yakaar après les locales ?
Les élections seront assez difficiles, il y a trop de listes, il y a trop de candidats. La mise en œuvre des textes va poser un certain nombre de problèmes c’est sûr, mais ça n’aura aucune incidence sur le plan national sur notre coalition, aussi bien au niveau gouvernemental que parlementaire.
Et pour ce qui concerne le Parti socialiste, quelles sont les chances de Khalifa Sall d’être reconduit à la mairie de Dakar ?
Ce que tout le monde reconnaît c’est que Khalifa Sall a un bon bilan. Alors, il est normal que quand on a un bon bilan, qu’on puisse espérer être reconduit pour finaliser ce qu’on a déjà commencé. Nous avons bon espoir.
Un mot sur la politique de Macky Sall, il tarde à mettre en œuvre plusieurs réformes institutionnelles comme la réduction de son mandat. Est-ce que vous cela vous inquiète ?
Après les locales, il y aura des concertations. Ce coup-ci, il ne faut pas prendre ces conclusions des assises nationales pour ce qu’elles ne sont pas. Ce sont des propositions qui sont faites qui devront faire l’objet de débat et, après ces débats, des consensus vont être construits et enfin il faut considérer que ces conclusions c’est un peu « l’idéal ».
Mais vous est-ce que vous vous attendez vraiment à ce que ces réformes soient appliquées ?
Oui, je crois qu’une partie du bloc institutionnel, imaginé dans les conclusions des assises, fera l’objet de discussions et sera mise en œuvre avec Macky Sall et puis au fur et à mesure d’autres parties feront l’objet de discussion et seront mises en œuvre. On ne peut pas dire que tout a été parfait, mais des choses importantes ont été faites au niveau des revenus, c’est la même chose pour ce qui concerne l’agriculture. Il n’était pas possible avec l’héritage laissé par Abdoulaye Wade, qui était calamiteux, d’imaginer qu’on peut régler tous ces problèmes du jour au lendemain.
Est-ce que vous partagez le même point de vue qu’Idrissa Seck qui critique le fait qu’aujourd’hui il y ait le frère, le neveu, l’oncle de Macky Sall qui sont aux affaires ?
Je n’aime pas ce genre de débats qui s’adressent à leur famille. Il faudrait que l’on s’en tienne à un débat dans les hauteurs c’est-à-dire plus sur les idées.
C’était pourtant des idées que vous défendiez, il y a deux ans ?
Oui, ça dépend. Ce qui était combattu c’était la dévolution monarchique et de ce point de vue, il n’y a rien qui ressemble à cela qui est fait aujourd’hui.
Quelles sont les réformes que vous voudriez que Macky Sall instaure dans son gouvernement ?
Ce sont celles qui portent sur les valeurs, parce qu’il ne me semble pas bon qu’on puisse laisser la possibilité à la transhumance de s’installer dans le cœur politique. Il faut réfléchir à ce que sur le plan institutionnel les gens ne puissent plus vaguer ou divaguer d’un régime à un autre, d’un parti à un autre.