A la Une : la vidéo de l’otage français Serge Lazarevic

Diffusée avant-hier par une chaîne de télévision de Dubaï, cette vidéo a fait le tour du net africain. Elle est visible notamment sur le site d’information MaliActu : on y voit l’otage français, le dernier otage français dans le monde, portant une longue barbe grise et un chèche en train visiblement de lire un texte dans lequel il demande au président Hollande « de tout faire pour négocier » sa libération.

Pour le site d’information Guinée Conakry Infos, « deux choses sont à retenir. D’abord, pour la famille et ses proches, c’est la preuve que l’otage est en vie et relativement bien portant. Ensuite que ses ravisseurs, peut-être dans une mauvaise passe, cherchent à négocier. Et pour conforter cette seconde thèse, Aqmi donne l’impression d’essayer d’exploiter l’émotion de la famille et de l’opinion comme “monnaie d’échange” contre les autorités françaises. Comme pour amener l’Etat français à se montrer moins ferme sur sa position. Toute la question, s’interroge le site guinéen, est de savoir si cette stratégie sera payante ? […] A priori oui, répond-il. Parce qu’après la diffusion de cette vidéo, la pression va certainement s’accentuer sur François Hollande. C’est probablement le meilleur moment pour dialoguer, parce que tout indique que dans les circonstances actuelles, les ravisseurs ne sont pas en mesure de se montrer trop exigeants. Le message cache mal le besoin de “dialoguer” pour des nécessités inavouées. »

« Les preneurs d’otages seraient-ils à bout de souffle ? », s’interroge pour sa part le site d’information Fasozine. « Les ravisseurs seraient-ils à bout de ressources au point de se livrer à cette mise en scène ou bien voudraient-ils à nouveau faire un chantage à l’Etat français ? Difficile de ne pas mettre les deux hypothèses sur la balance, relève Fasozine. Car, avec le nouveau dispositif que la France est en train de mettre en place au Nord-Mali, ces groupes terroristes désormais marginalisés, voire isolés par la présence permanente des soldats français dans la zone, peuvent être tentés de monnayer les derniers otages qu’ils détiennent. Mais ils ne mettent pas moins l’Elysée face à un dilemme qui consisterait à “négocier” ou à voir périr un autre Français. »

L’échange du soldat américain

Pour L’Observateur Paalga au Burkina, c’est clair : les ravisseurs veulent négocier… « Si Al-Qaeda, auteur de l’enlèvement de celui qui est aujourd’hui le dernier otage français dans le monde, n’a pas exigé explicitement de rançon ou de contrepartie à un éventuel affranchissement, il n’en demeure pas moins que la diffusion de cette vidéo en dit long sur ses intentions, estime le quotidien burkinabé : donner des preuves de vie du captif, dont on est resté sans nouvelles depuis la diffusion des premières images après la prise d’otage en 2011, pour mieux contraindre l’Hexagone à la négociation. Et le moment de ce qui apparaît comme un chantage sur l’hôte de l’Elysée a été choisi en toute connaissance de cause : en effet, relève L’Observateur Paalga, il intervient quelques jours après la libération par les Talibans de l’otage militaire américain, le sergent Bowe Bergdahl, en échange de cinq terroristes afghans détenus à la célèbre prison de Guantanamo. Alors, s’interroge le quotidien burkinabé, si l’Aigle yankee finit, comme on l’a constaté, par prendre quelques libertés avec sa politique officielle qui est de ne jamais négocier avec des preneurs d’otages, pourquoi le Coq gaulois n’en ferait-il pas autant ? La question a certainement traversé l’esprit des stratèges d’Al-Qaeda, qui savent opportunément jouer avec le contexte politique et l’environnement sociologique des Occidentaux, leurs cibles de prédilection. Et du coup, c’est le pauvre François qui se trouve devant un choix cornélien. »

Alors, s’interroge Le Pays, toujours au Burkina, « Hollande va-t-il se résoudre à négocier avec Aqmi contre paiement de rançon ? Sans doute, répond-il, ce d’autant que la méthode forte préconisée au départ n’a pas permis d’atteindre les résultats escomptés. […] On sait bien que depuis le cas malheureux du Niger, où les forces spéciales françaises avaient tenté de libérer par la force deux otages français qui ont été tués, la France, sans le dire officiellement, n’approuve plus l’option militaire. […] Mais le mensonge d’Etat aidant, aucun dirigeant au monde n’osera dire qu’il a payé une rançon à un islamiste, au risque de se mettre à dos l’opinion internationale. Tous bandent les muscles tout en menant des actions souterraines. »

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