Les écologistes parviennent à malmener la puissante industrie du charbon en Australie. Hier encore, ils protestaient jusque dans le sud-ouest de la France en déversant deux tonnes de charbon devant la Société Générale de Bayonne parce que la banque française finance en Australie un immense terminal charbonnier (Port Abbott Point) près de la Grande Barrière de corail. Ce nouveau port permettrait de développer les gigantesques réserves de charbon thermique du Queensland, dans le nord-est de l'Australie, déjà premier exportateur mondial de ce combustible, notamment vers la Chine et l'Inde. Le projet a été approuvé par les autorités.
Mais l'idée de draguer 3 millions de m3 de sédiments à quelques kilomètres d'une des plus grandes réserves de biodiversité marine au monde révulse les écologistes de la planète entière autant que les professionnels du tourisme en Australie. Même l'Unesco se demande s'il ne va pas inscrire la Grande Barrière de corail sur sa liste des patrimoines mondiaux en danger. Du coup les investisseurs commencent à fuir ce projet, comme d'autres liés au charbon, une énergie devenue décidément trop sale à leurs yeux. La plus grande banque européenne, Deutsche Bank, a renoncé il y a quelques jours à financer le port minéralier australien, déjà retardé par la chute des prix du charbon. HSBC a promis qu'elle n'y mettrait pas un euro.
En revanche, les investisseurs australiens continuent à soutenir, tout comme les politiques, l'industrie du charbon dans leur pays : 60 milliards de dollars de revenus - autant que le minerai de fer et l'agriculture - et 200 000 emplois... A l'heure du ralentissement économique australien, ce sont des arguments que les groupes miniers savent brandir. A coup de spots télévisés et d'interventions sur les réseaux sociaux, l'industrie minière mène une véritable contre-offensive médiatique pour ne pas perdre le soutien de l'opinion australienne.