« De Bamako à Bangui, la France s’enlise en Afrique », lance en effet en Une Le Figaro. Sur deux pages, le quotidien consacre ce qu’il appelle son « événement », autrement dit son dossier du jour, aux interventions françaises au Mali comme en Centrafrique qui, malgré les « efforts » de l’armée française, « peinent à sortir des pays de la guerre », alors que, plus le temps passe, s’exprime un sentiment « antifrançais » qui, estime le quotidien, « pose la question du maintien des déploiements militaires ». C’est ce qui s’appelle mettre les pieds dans le plat.
A commencer par celui du Mali, où, contrairement à ce qu’avait promis le « nouveau » président IBK, le processus de réconciliation nationale avec les rebelles touaregs n’a pas été « parachevé » et que le « travail » antiterroriste contre al-Qaïda et ses alliés n’a pas été « fini », souligne Le Figaro. Voilà neuf mois en effet que le chef de l’État Ibrahim Boubacar Keïta a été élu, et la paix avec les « hommes bleus » reste un « mirage », constate le confrère Thierry Oberlé, spécialiste, s’il en est, du Mali.. Le journaliste du Figaro note que la méfiance est « générale ».
Evoquant la récente déroute de l’armée malienne à Kidal, un « haut responsable français » anonyme, cité par le journal, soupire : « Les Fama (les forces maliennes) contre le MNLA, c’est Nogent-sur-Marne contre le PSG. Le résultat était connu d’avance ». La suite, on la connaît, le ministre malien de la défense a démissionné.
Mali : Boubèye parle
Et ce matin, il parle. Soumeley Boubèye Maïga concède quelques confidences à Thierry Oberlé. On se souvient qu’une partie de la presse, et notamment l’hebdomadaire Jeune Afrique, avait maintenu qu’à Kidal, l’armée malienne aurait agi sans le « feu vert » du président IBK. Sortant de son silence, le désormais ex-ministre malien de la Défense dit au Figaro qu’il s’agissait plutôt d’un « feu orange moyennement visible » ! Quant à la visite du Premier ministre Moussa Mara à Kidal, Boubèye, comme on l’appelle familièrement à Bamako, affirme que, « pour la partie malienne, l’objectif politique paraissait plus important que les mauvaises conditions de sécurité ». Il ajoute que les préparatifs de cette visite n’étaient « pas terminés » et que Kidal est « redevenue une zone de guerre occupée avec une forte présence de djihadistes qu’il s’agisse de membres de Boko Haram (…), d’Aqmi, des Morabitoune et du Mujao ». C’est lui qui le dit dans Le Figaro, qui concède toutefois que cette présence « présumée » des groupes islamistes « brandissant leurs étendards » dans cette région du septentrion malien laisse bon nombre d’observateurs « dubitatifs ». A noter enfin, au sujet du Mali, que le Premier ministre parle lui aussi ce matin dans Le Figaro. Evoquant le récent accord de Ouagadougou et répondant aux questions de David Baché, Moussa Mara dit sa confiance. « Cette fois-ci, tout le monde veut aller de l’avant », énonce-t-il.
Centrafrique : le treillis de la paix
Au lendemain des violentes manifestations qui ont agité le centre-ville comme les abords de l’aéroport de Bangui hier, et qui faisaient suite aux convulsions consécutives à l’attaque meurtrière, mercredi, de l’église Notre-Dame-de-Fatima dans la capitale centrafricaine, Le Figaro relève que les manifestations des derniers jours ont pris un « tour antifrançais très net », et que ce sentiment n’avait « jamais (été) atteint jusqu’alors en Centrafrique ».
Alors, voilà ! « Paix introuvable » au Mali ? Ressentiment antifrançais se répandant en Centrafrique ? Comment « sortir de ce piège africain », s’interroge Le Figaro ? Réponse du journal : c’est au ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius « d’enfiler son treillis de soldat de la paix » !
Centrafrique : déstabilisation soudanaise
Laurent Fabius ou Jean-Yves Le Drian.. Que peut faire en tout cas la France dans un tel contexte ? Pour Paris, énonce le quotidien Libération ce matin, la réponse est simple : il faut « tenir coûte que coûte en Centrafrique. Se référant à l’attaque de l’église Notre-Dame-de-Fatima de Bangui, le journal évoque une « œuvre de déstabilisation » de la Centrafrique. Citant une « source proche du dossier » qui « pointe le rôle de Khartoum » dans les récents événements centrafricains, Libé relève que l’un des tenants de la ligne dure de la Séléka, Nourredine Adam, « séjournerait actuellement à Nyala », dans la province limitrophe du Darfour soudanais. Dans les colonnes du journal, un diplomate, anonyme lui-aussi, affirme que la communauté internationale « reste sur la bonne voie en Centrafrique », et que Paris évoque un simple « entre-deux » compliqué à négocier, car la force africaine, la Misca (Mission internationale de soutien à la Centrafrique), a été affaiblie par le retrait récent du contingent tchadien, et que les premiers casques bleus ne sont pas attendus avant septembre.
UMP : la tentation du centrisme
En France, les sympathisants UMP sont constants. Ils demeurent fidèles à Nicolas Sarkozy, l’ensemble des Français beaucoup moins. Pour 44 % des sympathisants UMP, en effet, l’ancien président demeure le meilleur opposant à François Hollande et au gouvernement, devant Alain Juppé, 37%, et François Fillon, 7%. C’est ce qu’indique un sondage BVA pour Le Parisien. A noter toutefois que, sur l'ensemble des Français, Alain Juppé arrive en tête, 39%, devant Nicolas Sarkozy, 23%, et François Fillon, 12%. Enfin, les sympathisants de droite souhaitent à 49% que le positionnement politique de l'UMP soit « ni plus ni moins à droite », 37% « plus à droite, 11% moins à droite ».
Justement. Laurent Wauquiez, lui, a choisi. Le député UMP estime dans Le Parisien que l’idée proposée notamment par Alain Juppé d’un rapprochement avec le centre est une « profonde erreur ». Laurent Wauquiez ajoute même qu’on ne répond pas à la crise d'un pays par une « combine d'appareil politicien ».
En attendant, l’appel du pied lancé aux centristes par l’ancien Premier ministre Alain Juppé « sème le trouble à l’UDI », parti politique dont son chef sortant Jean-Louis Borloo, pour raison de santé, a dû momentanément laisser la présidence en déshérence. Le journal remarque par-là que, depuis l’appel d’Alain Juppé, la guerre des chefs a repris de plus belle chez les centristes. Commentaire en forme de « raffarinade » du Figaro ce matin : « Au centre, la route est droite mais la pente est forte » (étant rappelé qu’une « raffarinade » est une de ces formules alambiquées dont raffole en public l’ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin, qui, en effet, avait sans rire dit un jour : « Notre route est droite, mais la pente est forte » !