Soulagement et satisfaction pour les médias nigériens. « Enfin la signature d’un accord », s’exclame le site d’information Nigerdiaspora. « L’Etat du Niger et le géant du nucléaire français Areva ont signé hier lundi un accord sur l’exploitation des gisements d’uranium nigériens, après deux années d’intenses négociations. » Un accord, relève Nigerdiaspora, qui « comporte de nombreux avantages pour le quatrième producteur mondial d’uranium, mais, l’un des pays les plus pauvres de la planète. »
En effet, précise Le Sahel, « il apparaît tout à fait évident que ce nouveau partenariat stratégique est une victoire pour l’Etat du Niger qui, à l’issue de plusieurs mois de négociations, a obtenu d’importants acquis dans ses nouvelles relations avec ce partenaire historique français. » Et Le Sahel de détailler ces trois principaux acquis : « la création d’un comité stratégique paritaire avec pour mission de décider du calendrier de mise en exploitation des mines en fonction de l’évolution du prix des minerais sur le marché international. […] Les directions des sociétés d’exploitation, Somair et Cominak seront désormais occupées par des cadres nigériens, respectivement à partir de 2014 et 2016. » Et puis surtout, relève Le Sahel, « Areva va apporter un soutien financier important pour la réalisation de projets d’infrastructures routières et agricoles […] : 60 milliards de Fcfa pour la construction de la route Tahoua-Arlit. 11 milliards pour l’accélération de la mise en valeur de la vallée de l’Irhazer, projet agricole important. » De plus, « Areva construira un immeuble pour son siège social à Niamey pour un coût de 6,5 milliards de Fcfa, et dont l’Etat nigérien sera propriétaire. »
Commentaire de Tam Tam Infos : « Cet accord est équilibré, tout simplement. […] Dans l’orientation et la conduite des négociations, le patriotisme aura prévalu. La responsabilité aussi, de part et d’autre. Loin des schémas que se construisaient certains milieux imaginatifs parlant de bras de fer historique entre le lion et le moucheron de la fable, du petit David nigérien contre le puissant groupe nucléaire représenté en Goliath […], les deux équipes de négociateurs ont analysé froidement le marché et ses perspectives, la qualité du cadre de la coopération, les attentes légitimes du peuple nigérien et de ses dirigeants, et la nécessité de préserver les outils que constituent les sociétés minières. […] Depuis 50 ans, souligne encore Tam Tam Infos, les installations d’Arlit et Akokan étaient plutôt une source de frustration pour les Nigériens, alors que l’énergie tirée de leur uranium arme et éclaire les pays riches. Pour la première fois depuis 50 ans, donc, l’uranium va se positionner comme une véritable richesse nationale, conclut Tam Tam Infos, en apportant une contribution significative à l’économie nigérienne. »
Réserves…
Le site d’information Guinée Conakry Infos apporte un bémol à ce bel enthousiasme… « Enfin un accord, mais… ! », s’exclame en effet le site guinéen. En effet, souligne-t-il, « Areva a réussi à s’exonérer de la TVA ; selon des experts d’Oxfam-France, le manque à gagner pour les caisses de l’Etat Nigérien pourrait se situer entre 10 et 15 millions d’euros. » Qui plus est, « Areva a aussi réussi à repousser le plus longtemps possible la mise en exploitation du gisement d’Imouraren. » Et puis, « au-delà, affirme encore Guinée Conakry Infos, ce sont les non-dits de l’accord qui inquiètent le plus les ONG qui militent en faveur d’un accord équitable […]. En effet, il y a également les droits de douane, les taxes sur les carburants ou encore la fameuse question des 20 % des bénéfices réalisés par Areva, qui échappent à l’impôt sur les sociétés […]. Autant d’aspects de l’accord sur lesquels les ONG exigent que la lumière soit apportée. Autrement, estime Guinée Conakry Infos, le Niger pourrait bien continuer à perdre de l’argent sans que le citoyen lambda ne s’en rende compte. Ou que des cadres véreux, profitant de l’opacité, ne s’enrichissent au détriment des véritables bénéficiaires. »
Enfin, Le Pays au Burkina, s’intéresse aussi au Niger ce matin, mais plutôt au bras-de-fer politique entre pouvoir et opposition. « Une quarantaine d’opposants, tous proches de Hama Amadou, le président de l’Assemblée national et de son parti, Lumana, ainsi qu’une septantaine d’étudiants ont été arrêtés ces derniers jours à Niamey, la capitale nigérienne. La raison : une “campagne de terreur”, pour reprendre l’expression du ministre nigérien de l’Intérieur, qu’ils auraient tenté d’instaurer à Niamey aux fins de créer un “pourrissement de la situation politique au Niger”. L’opposition, elle, crie à l’injustice et promet encore des jours difficiles au pouvoir. Qui a tout faux, qui a tout vrai ? », s’interroge le quotidien burkinabé qui prend bien garde de ne pas répondre à cette question mais qui souligne que « le jeu doit être républicain et loyal. »