« Ca y est, Burgerflix annonce son lancement ». En plein festival de Cannes, Manuel Alduy, en charge du développement de Canal+ sur Internet, a salué à sa manière le premier communiqué de presse en français de l’histoire de Netflix. Netflix, c’est cette plateforme américaine de télévision payante sur Internet qui compte 48 millions d’utilisateurs dans le monde. Après la Grande-Bretagne et les Pays-Bas, le groupe a officialisé mercredi son entrée prochaine, avant la fin de l’année, sur les marchés francophones et germanophones. Le site sera donc disponible non seulement en France, mais aussi en Belgique, en Suisse, en Allemagne et en Autriche pour le prix de 8,99 euros par mois.
Netflix a été créé en 1997 lorsque son fondateur Reed Hastings a dû payer une amende à son vidéoclub pour avoir ramené sa cassette en retard. Il a alors eu l’idée de mettre sur pied un service de location de films reposant sur un abonnement mensuel. Puis, petit à petit, aux enveloppes rouges de la société, s’est substitué un service de visionnage sur Internet qui a eu d’autant plus de succès qu’il était au départ gratuit et qu’il pouvait s’adapter aux goûts des abonnés grâce à un algorithme de recommandation. Si Canal+ parle de restauration rapide, ce n’est pas tant parce qu’on y sert la même nourriture pour tout le monde, mais parce que les films et les séries y sont assez standard même si, en vitrine, on affiche des productions maison de renom comme House of Cards.
En France, l’arrivée de Netflix va donner un coup de fouet à la diffusion des films sur Internet. Samedi, le film Welcome to New York, avec Gérard Depardieu, a été acheté 48 000 fois en vidéo payante alors il n’est pas sorti en salles. Pour la vidéo à la demande, il faut attendre normalement quatre mois après la projection en salle, et trois ans quand il s’agit d’un abonnement. Avec Netflix qui n’aura pas à respecter cette chronologie des médias, c’est tout l’écosystème du cinéma financé par Canal+ qui est en question. D’autant qu’aux yeux de Bruxelles, le système ne fonctionne plus si bien : les films européens représentent les deux tiers des sorties en salles, mais un tiers seulement des entrées.
Pour son développement européen, Netflix va déplacer son siège du Luxembourg vers les Pays-Bas en 2015, date où une directive européenne prévoit que la TVA sera acquittée par le pays de consommation de la vidéo. Les Pays-Bas ne permettront pas d’échapper à la taxe. Mais bien aux obligations de production et de diffusion d’œuvres françaises et européennes. C’est ce qui inquiète les milieux du cinéma.