Avec beaucoup de questions ce matin dans la presse avant le scrutin dans maintenant moins d’une semaine. « En réalité, nous allons faire, dimanche, trois choix à la fois, relève Le Télégramme. Le premier sera national : rejet du PS et du président François Hollande ou bien désir d’envoyer un signe positif au Premier ministre Manuel Valls ? Satisfecit mitigé au patron de l’UMP, Jean-François Copé, ou bien message d’encouragement au tandem gaullo-centriste Alain Juppé-François Bayrou ? Le second, qui divise à la fois le PS et l’UMP, portera sur l’Euro : rupture selon Marine Le Pen ? Ou harmonisation fiscale et sociale ? Enfin, les citoyens vont choisir le président de la Commission de Bruxelles, jusque-là désigné par les gouvernements. »
Ce qui est sûr, sur le plan intérieur, c’est que ces européennes ne passionnent guère les Français et que le PS est en mauvaise posture… Après l’échec aux municipales, le gouvernement s’attend en effet à une nouvelle déroute. La semaine dernière, un sondage CSA donnait le FN en tête (25 %) devant l’UMP (21 %) et le PS (18 %). « Dès lors, estime Le Journal de la Haute-Marne on peut comprendre que, si le pronostic se confirme dimanche prochain, les deux partis de gouvernement veuillent vite passer à autre chose. Il sera difficile pour Jean-François Copé d’adopter un ton triomphal si son parti devance les socialistes, mais arrive derrière le FN. À l’inverse, Marine Le Pen, entendra bien capitaliser sur une victoire qui aurait valeur de séisme bien au-delà de nos frontières. En cela, le résultat du prochain scrutin européen risque d’avoir de sérieuses répercussions sur la politique intérieure, estime encore le quotidien champenois. Il pourrait tout bonnement mettre en péril le bipartisme à la française qui scande la Ve République depuis son avènement. »
« A 15 %, voici un an, elle agaçait, constate La Nouvelle République. A 17 points, c’était il y a six mois, elle inquiétait. La voici à 23 %, tous derrière et elle devant. Moins d’une semaine avant le scrutin, c’est la panique. Dans la dernière ligne droite, Marine Le Pen se laisse offrir le luxe d’une couv’ du “Time”, de portraits et d’interviews démultipliés à l’infini chez nos voisins européens. “Je suis partout” semble-t-elle nous dire. Et surtout ailleurs, ce qui n’est pas le moindre des paradoxes de cette échappée. Belle ? A voir. Pour l’heure la dynaste frontiste tient la corde, celle qui nous pendra peut-être. »
« Un mauvais rêve, soupire La Dépêche du Midi. De partout, profitant du désintérêt des peuples et de la tiédeur de la plupart des partis politiques, montent des slogans ravageurs, des incantations nationalistes, comme si notre vieux continent s’était donné rendez-vous dimanche prochain pour saccager sa fragile unité. Ces élections pourraient de la sorte expédier au Parlement européen des dizaines de députés qui détestent par avance l’assemblée où ils vont siéger, affirmant haut et fort qu’ils feront tout pour en saper les débats ! »
Et pendant ce temps, l’Allemagne s’apprête à rafler la mise… C’est du moins l’opinion du Figaro… « Pendant ce temps, en effet, Angela Merkel vogue vers une nouvelle victoire à la tête de la CDU. Contrairement aux Français, en pleine crise de confiance vis-à-vis de l’Europe, les Allemands, relève Le Figaro, voient surtout des avantages à une Union dont ils tiennent solidement les rênes. Loin de remettre en cause un système dont nous critiquons le déficit démocratique, ils s’en approprient le fonctionnement, en commençant par le Parlement européen. Avec l’appui du SPD, partenaire de sa grande coalition, Mme Merkel pourra compter à Strasbourg sur un bataillon d’eurodéputés “utiles” deux fois plus important que celui espéré par François Hollande. Derrière l’échec annoncé du président Hollande et de ses troupes aux européennes, conclut Le Figaro, c’est donc une marginalisation accrue de la France dans l’UE qui se profile. »
Encore dans la rue ?
Une nouvelle réforme sociétale va être débattue à partir de ce lundi à l’Assemblée : la proposition de loi sur la famille co-signée par des députés PS et écologistes…
« Une loi au secours des familles recomposées » s’exclame Le Parisien. Une loi qui « ne fait pas consensus, loin de là », constate le journal. En effet, « plus de 700 amendements déposés, une vingtaine d’associations féministes bien décidées à clamer aujourd’hui leur inquiétude sous les fenêtres des députés, des pères partisans de la garde alternée paritaire prêts à remonter au créneau, des pédopsychiatres qui s’alarment… Décidément, soupire Le Parisien, dès qu’elle parle famille, la gauche a bien du mal ! Un an après le “fracas” qui a entouré le vote de la loi sur le mariage pour tous, la voici qui tente de reprendre l’initiative sur ce terrain hautement miné : beaux-parents mieux pris en considération, recours à la médiation familiale qu’un juge pourra imposer pour essayer de rabibocher des familles qui se déchirent sur la garde, pension alimentaire. Telles sont les mesures phares de cette proposition de loi déposée par des députés PS et écologistes dont l’Assemblée nationale débattra à partir de cet après-midi et normalement jusqu’à mercredi, avant un vote prévu le 28 mai. »
« Les réacs crient de nouveau famille », s’exclame pour sa part Libération. « Les débats sur ce texte intitulé “Loi relative à l’autorité parentale et à l’intérêt de l’enfant” n’ont même pas débuté que la messe semble dite, relève le journal : ça va chauffer. Vendredi, l’UMP avait déjà déposé plus de 600 amendements. (…) Hors hémicycle, Ludovine de La Rochère, présidente de la Manif pour tous, a prévenu, rapporte Libération : “nous espérons que nous n’aurons pas à aller dans la rue, mais nous mettons en garde le gouvernement”. Et, à grand bruit, plus de 5 500 psychiatres, psychologues ou professionnels de l’enfance s’inquiètent dans une pétition d’une possible généralisation de la garde alternée en cas de séparation. “C’est du délire, une volonté d’obstruction, souligne Erwann Binet, député PS de l’Isère et coauteur de la proposition de loi, toujours cité par Libération. Nombre d’amendements, poursuit-il, sont du recyclage de ceux qu’on a vus passer lors des débats sur le mariage pour tous. Quant à cette idée de garde alternée systématique, elle ne figure pas dans le texte”. »
Cauchemar…
Enfin, reportage en ouverture de La Croix sur les derniers musulmans de Bangui… Sur leur « vie très précaire », souligne le journal. Entre 85 et 90 % des musulmans ont quitté la ville pour fuir les anti-balaka, les pilleurs et les voleurs. Et pour les quelques milliers qui restent « le cauchemar continue, relève La Croix. Les tout derniers vivent retranchés à Kilomètre-5, dans le 3e arrondissement de la capitale centrafricaine ». Toutefois,note l’envoyé spécial de La Croix, « aux yeux de beaucoup, ce conflit n’est pas une guerre de religion. (…) Et à Lakouanga, près du centre-ville, les habitants du quartier se sont constitués en groupe d’autodéfense afin de protéger les habitants du quartier, chrétiens et musulmans. “Le pays sombre dans la folie. Nous ne voulons pas qu’elle se propage chez nous”, explique Kevin, 42 ans, économiste au chômage, l’un des responsables de ce groupe d’autodéfense. Cependant, comme à Kilomètre-5, conclut l’envoyé spécial de La Croix, les quelques musulmans de Lakouanga ne sont pas libres de leurs mouvements. Pour eux aussi, trois ruelles plus loin, et c’est la mort assurée. »