La mangue indienne sous embargo européen

Depuis le début du mois, les mangues produites en Inde ne sont plus admises dans les frontières de l’Union européenne pour des raisons sanitaires. La Grande-Bretagne proteste.

La mangue indienne n’est plus la bienvenue en Europe mais elle alimente le débat dans l’Union, et surtout en Grande-Bretagne, à la veille des élections européennes.

Depuis le 1er mai, la Commission de Bruxelles a imposé un embargo sur les mangues et quatre autres légumes produits en Inde. Plus de 200 cargaisons auraient, l’an dernier, contenu des parasites ou des insectes susceptibles de contaminer les vergers ou les serres en Europe, en particulier les larves de mouches drosophiles qui attaquent la chair des mangues.

L’embargo européen doit s’appliquer jusqu’à la fin 2015, mais Bruxelles enverra une inspection vétérinaire en Inde à la fin de cette année pour constater les progrès indiens dans le contrôle sanitaire des colis. L’Europe reçoit 10% des exportations indiennes de mangues, loin derrière le Moyen-Orient (plus de la moitié des exports) mais l’Inde, premier producteur mondial du fruit tropical (18 millions de tonnes en 2013), risque tout de même de voir s’effondrer au moins d’un tiers le prix de sa mangue premium, l’Alphonso, du nom de son découvreur portugais.

En Grande-Bretagne, plus gros débouché européen de la mangue indienne, liens historiques obligent, la mangue entre dans la composition du fameux chutney, et l’embargo de Bruxelles suscite un vrai tollé. Une pétition a récolté 2 300 signatures. La Chambre des communes a même consacré un débat à la mangue indienne : un parlementaire s’est indigné qu’un « petit chou de Bruxelles », allusion à la Commission européenne, « s’en prenne à la majestueuse mangue indienne ». Le Premier ministre britannique James Cameron a de son côté promis de traiter en urgence ce dossier acidulé avec son prochain homologue indien, Narendra Modi, le candidat nationaliste qui a remporté les élections en Inde. En attendant, les mangues pakistanaises et les mangues africaines pourraient bien profiter des déboires de leurs concurrentes indiennes.

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