« Fauchée à la fleur de l’âge, en plein reportage, Camille Lepage, une jeune photographe française, a été tuée en Centrafrique, dans des conditions qui restent encore à déterminer, rapporte Guinée Conakry Infos. Le monde en a été informé par une annonce de la présidence française, dans laquelle François Hollande a promis de 'tout mettre en œuvre' pour élucider les conditions du meurtre de la journaliste de 26 ans. Ce sont des éléments de la force Sangaris en patrouille, précise encore Guinée Conakry Infos, qui ont découvert le corps sans vie de la reporter, alors qu’ils effectuaient un contrôle de routine sur un 'véhicule conduit par des miliciens anti-balaka' dans la région de Bouar, exactement dans le village de Fembélé. »
« Centrafrique: jusqu’au bout de l’horreur », s’exclame Fasozine. « Plus rien ne semble arrêter les démons de la barbarie qui se sont emparés de la Centrafrique depuis le déclenchement de la crise qui a plongé le pays dans le gouffre. Le week-end dernier, c’est un présumé incendie volontaire d’une maison où étaient enfermées 13 personnes qui a provoqué l’horreur (…). Hier mardi, c’est le corps d’une journaliste française qui a été retrouvée. » Et Fasozine de désigner l’ex-rébellion : « Non contents de s’éventrer à la hache ou de se lyncher en plein jour, au nez et à la barbe des forces de défense et de sécurité, les éléments de l’ex-rébellion Seleka, selon toute vraisemblance, s’en prennent également à ceux qui sont venus témoigner du drame que vivent les populations. »
Quoi qu’il arrive…
L’émotion est grande également dans la presse française. Le quotidien Libération, pour lequel elle travaillait notamment, rapporte ces propos récents de Camille Lepage : « Je ne peux accepter que les drames humains soient passés sous silence simplement parce qu’ils ne sont pas rentables pour les médias. Alors j’ai décidé de le faire moi-même et de les mettre en lumière quoi qu’il arrive. (…) Je veux qu’en regardant mes photos les gens ressentent ce que les populations subissent, qu’ils éprouvent de la compassion en tant qu’êtres humains, qu’ils aient honte de leur gouvernement qui sait mais qui ne fait rien. »
Le Parisien, pour lequel Camille Lepage travaillait également, rapporte ces propos de la mère de la photo-journaliste : « Ma fille était exceptionnelle, elle avait la passion de la photo. Elle n’avait qu’une envie, c’était de parler des populations dont on ne parlait pas et qui étaient en danger. Ma fille n’avait pas peur, elle était passionnée, elle était magnifique. »
Un avion bien encombrant !
Dans les médias du continent encore, une affaire qui fait grand bruit : celle du nouvel avion présidentiel malien. 20 milliards de FCFA, c’est ce qu’aurait coûté cet appareil destiné à remplacer l’avion utilisé par l’ancien président ATT. En pleine période de reconstruction du pays, était-ce une priorité ? L’opposition gronde et le FMI demande des explications. « Le FMI menace de suspendre sa coopération avec le Mali s’il n’annule pas l’achat de l’avion présidentiel », s’exclame Le Sphinx à Bamako. Le Sphinx qui parle de « délinquance financière. » Le Républicain dénonce « l’indécence d’un tel acte, qui remet en question la validité d’une présidence. Cette affaire, poursuit-il, incarne tout ce qui va mal dans ce pays, d’un président aux antipodes des réalités, au système de gouvernance qui maintient une mentalité d’impunité et une image de mépris pour les maliens. »
« Koulouba aux abois ! », s’exclame pour sa part L’Indicateur du Renouveau. « Le régime d’IBK a du mal à se sortir du bourbier de l’achat de ce nouvel avion présidentiel. Ses tentatives d’explication et de justification ne font que renforcer les suspicions sur ce dossier qui menace nos rapports avec nos partenaires techniques et financiers. »
Enfin, Le Pays au Burkina enfonce le clou : « Le Mali, faut-il le rappeler, sort de la crise la plus grave qu’il ait jamais connue, et la priorité devrait être de mobiliser les moyens financiers, matériels et humains pour relancer son développement, et non mobiliser des fonds pour acheter un avion, fût-il présidentiel. Comment peut-on se permettre une telle dépense de luxe dans un pays soutenu à bout de bras par la communauté internationale ? (…) IBK doit se ressaisir, estime encore le quotidien burkinabé. Les Maliens qui l’ont élu attendent de lui des solutions, des actes concrets qui vont améliorer leurs conditions de vie. (…) IBK doit mettre un point d’honneur à faire toute la lumière sur cette affaire. On ne gouverne pas un pays avec ses sentiments, ses désirs, encore moins avec ses lubies. »