Le gouvernement réécrit l’offre de General Electric sur Alstom

« L'offre de General Electric sur Alstom n'est pas acceptable en l'état », a tranché ce mardi matin le président François Hollande. Mais l'offre est modifiable, c'est ce que suggère la lettre envoyée lundi par le ministre de l’Economie et du redressement productif, Arnaud Montebourg, au patron du groupe américain. Décryptage.

Ce matin le titre d'Alstom reculait à la bourse de Paris, en clair la bourse redoute maintenant une intervention de l'État pour empêcher l'acquisition d'Alstom par General Electric. Mais dans le détail de la lettre d'Arnaud Montebourg, la porte est loin d'être fermée. Le rachat de la branche énergie, la principale activité du groupe français, même pour 17 milliards de dollars, est perçu comme un mariage forcé, à l'Élysée comme à Bercy.

Inacceptable donc pour un État client qui a besoin des turbines fabriquées par Alstom pour ses réacteurs nucléaires. En revanche une alliance équilibrée, pourquoi pas ? General Electric est par exemple allié avec le Français Safran pour la construction des moteurs d'avion depuis 50 ans rappelle le ministre du redressement productif, et ce tandem franco-américain est un vrai succès industriel, pourquoi pas envisager un attelage similaire? L'Américain doit pour cela transformer son OPA en partenariat.

Qui de la branche ferroviaire d'Alstom ?


Arnaud Montebourg suggère à General Electric d'apporter ses trains dans la corbeille. Cela renforcerait la branche transport du groupe français. Cette activité est pour le moment rentable et équilibrée pour Alstom, mais la consolidation est nécessaire à moyen terme. L'anticiper permettrait au groupe français allié à l'américain de partir avec une longueur d'avance dans cette bataille du rail.

Les spécialistes du secteur sont plus réservés sur ce deuxième volet, trouvant qu'Alstom ferait mieux de chercher un partenaire dans les pays émergents où le marché du train est en plein boum. D'où les interrogations sur la pensée profonde du gouvernement français qui avec un non et un oui, n'est pas très clair dans cette affaire. En réécrivant d'un bout à l'autre l'offre faite par l'américain, n'est-il pas en train de reconnaitre sans l'admettre que l'offre américaine est pour le moment la plus intéressante ?

Le mariage avec l'allemand Siemens est-il toujours d'actualité ?

Pour le moment Siemens n'a pas fait d'offre ferme. Son conseil d'administration se réunit aujourd'hui et va sans doute s'exprimer très vite sur le dossier. Le président François Hollande sera par ailleurs en Allemagne en fin de semaine, le rapprochement Siemens-Alstom sera bien sûr l'un des grands sujets de conversation avec la chancelière Angela Merkel.

Ce matin dans l'interview donnée à la radio, le président a d'ailleurs fait une allusion voilée à cette offre qui doit émerger. L'Airbus de l'énergie que François Hollande appelle de ses voeux apparait comme une construction peu tangible en terme économique. Siemens et Alstom étant des rivaux acharnés tous deux hostiles à la fusion. Mais en terme électoral l'idée est du meilleur effet. Un rapprochement donnerait un peu de corps à cette introuvable Europe de l'industrie.

 


♦ En bref dans l'actualité économique :

Le chômage a fortement baissé en Espagne

Avec un recul de plus de 2% en avril, c'est la plus forte chute depuis le début de la crise. Si plus de 100 000 espagnols ont retrouvé un emploi le mois dernier, il est trop tôt pour se réjouir estime le premier ministre. Le quart de la population en âge de travailler est toujours au chômage. Par ailleurs cette embellie masque la sortie définitive du marché du travail d'un nombre croissant de demandeurs d'emploi.

Le tourisme en Russie pâtit de la crise ukrainienne

Comparées avec l'année dernière les réservations en provenance d'Europe et des Etats-Unis ont diminué de 30% depuis le mois de mars constatent les agences de voyages.

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