Avec Alstom, le gouvernement retourne au charbon, constate Libération ce matin.
Alstom, le fleuron français de l’industrie réunit aujourd’hui son conseil d’administration qui doit décider du sort de ses activités énergie et transport. Hier, le ballet des PDG s’est poursuivi à l’Elysée et à Bercy. Celui de General Electric (GE), de Siemens, de Bouygues, ont fait valoir chacun leurs arguments, rappelle Libération. Le chef de l’Etat a posé trois critères : l’emploi, la localisation de l’activité et l’indépendance énergétique. Libé qui estime que dans l’histoire, Hollande s’est fait berner par les grands patrons. Malgré les marques de confiance du Président, aucun industriel ne l’a averti du rachat. « L’affaire Alstom illustre de manière presque caricaturale, estime Libération, le fait que nos chers PDG français n’ont aucune reconnaissance du ventre. Au-delà de l’effort historique des 30 milliards d’euros en faveur de la compétitivité des entreprises, le chef de l’Etat n’a pourtant pas ménagé sa peine depuis plus d’un an, en multipliant des signes extérieurs d’amabilité en direction du patronat ». Car Alstom, bien que totalement privé, n’est pas une entreprise tout à fait comme les autres, selon Libération. D’abord, elle a évité en 2003 la faillite grâce à l’argent public et l’action déterminée d’abord de Francis Mer, alors ministre de l’Economie, puis de Nicolas Sarkozy.
« Alstom : Et si on parlait de nationalisation… », se demande en Une l’Humanité. Pour le quotidien communiste, il faut refuser de laisser partir un fleuron stratégique hors du territoire, et constituer « un grand pôle public de l’énergie et des transports ». « L’heure de vérité a sonné pour l’état stratège et la politique gouvernementale dite de “redressement productif” »,lit-on dans le journal communiste,avec une pointe d’ironie. L’Humanité estime que le géant français n’est pas du tout en difficulté industrielle, avec 53 milliards d’euros de commande, soient 5 années de travail, mais sacrifié pour la finance. « La vraie raison, explique un représentant CGT dans ses pages, c’est que Bouygues actionnaire principal veut faire une plus-value en vendant ses actions ». Le quotidien communiste dénonce trop de précipitation dans le dossier. Plusieurs grèves auront lieu aujourd’hui sur les trois sites à Saint-Ouen.
Plus étonnant, « Jean-François Copé, le président de l’UMP s’inquiète aussi dans un entretien exclusif accordé au journal Les Echos, d’un éventuelle reprise d’Alstom, et ne se dit pas totalement contre, l’idée d’une nationalisation temporaire, ou plutôt “pour une prise de participation symbolique afin de réfléchir à un nouveau projet industriel.” »
Plus proche de Copé et à l’opposé de l’Humanité, Jean-Marc Daniel économiste à l’Institut de l’entreprise, défend dans le journal La Croix, une vision plus libérale. « Le problème de la France, dit-il, vient plus de son manque d’attractivité que du recul de sa production industrielle ». Pour ce dernier, encore, en France on a l’obsession de l’emploi alors qu’on devrait avoir celle de la valeur ajoutée. Et l’économiste donne un exemple qui risque de ne pas convaincre les plus protectionnistes d’entre nous, « l’Angleterre construit plus d’automobiles qu’en France, alors même qu’il n’y a plus une seule marque de voiture britannique. L’attractivité, dit-il ce n’est pas seulement le coût du travail, mais la fiscalité, la législation sociale... »
La méthode Valls à l’essai
Autre sujet du jour, le programme de stabilité ou plan d’économies présenté aujourd’hui par le Premier ministre Valls à l’assemblée. « C’est l’épreuve du feu pour Manuel Valls », titre en Une le journal Les Echos, même si, à moins d’une grosse surprise l’assemblée devrait approuver le programme des finances publiques 2015-2017. Pour Jean-François Copé, toujours dans cet entretien, « ce pacte est une illusion d’optique ». Le gouvernement nous présente une marmite joliment décorée censée contenir la potion magique, dit joliment le chef de l’UMP. Elle est fondée sur du rationnement sans réforme ; on gèle les pensions sans réformer les retraites, déplore Jean-François Copé.
Le Figaro souligne pour sa part que le Premier ministre a donné des gages au PS avant ce vote crucial. Il a promit de ne pas geler les pensions des retraites inférieures à 1 200 euros par mois et le maintien de la hausse du RSA en septembre prochain. Reste que les élus réfractaires de la majorité sont, pour la plupart, restés sur leur faim, estime Le Figaro. Même si au groupe PS, on estime que les annonces de Valls ont « réduit significativement le champ de la contestation ». C’est ce que Paul-Henri du Limbert appelle « la vraie victoire des frondeurs » dans son éditorial ; Paul-Henri du Limbert pour qui, Manuel Valls obtiendra sans doute aujourd’hui une majorité pour approuver le programme de stabilité du gouvernement. « Quelques députés rebelles, insensibles aux coûteux gestes de dernière minute du Premier ministre, choisiront l’abstention, mais cette fronde n’aura pas d’incidence sur l’issue du scrutin », lit-on dans Le Figaro.
Otage au Mali : Mort ou vivant ?
Le Parisien Aujourd’hui en France publie un entretien exclusif des enfants de l’otage français annoncé mort la semaine dernière.
La fille et le fils de Gilberto Rodrigues Leal, Sophie et Cyril croient encore que leur père est en vie. Ils le clament haut et fort dans Le Parisien ce matin. « Ce n’était pas une tête brûlée », disent-ils. Il n’avait pas de problème de santé, comme cela a été répété par les médias, ni maladie chronique, ni traitement médicamenteux. Pour ces derniers, il y a trop d’approximations dans le dossier. Le communiqué du Mujao n’a pas été authentifié selon eux, et le corps n’a surtout pas été retrouvé. « Face à ce flou, il nous reste un infime espoir, estiment Sophie et Cyril qui précisent qu’ils ont souvent été reçus par le Quai d’Orsay et bénéficié du même suivi que les autres familles d’otages français ». Une famille qui pourtant estimait récemment sur notre antenne que le sort de leur père avait été moins bien pris en considération par les autorités françaises que celui des otages journalistes.
Une nouvelle pointure à l'Elysée
Dans cette tempête qui souffle sur l’exécutif, Libération brosse le portrait d’un ancien proche d’Aquilino Morelle. C’est un portrait à ne pas manquer, croustillant et drôle, de David Ysebaert, l’ex cireur de chaussure de l’ancien conseiller de François Hollande. C’est à son poste au Bon Marché qu’il a rencontré les Weston de Morelle pour la première fois, nous informe Libération. « Il ne savait pas qui était cet homme aux allures de dandy, lui qui ne s’intéresse pas du tout à la politique même s’il a voté Sarkozy au second tour, en 2012. Un détail important. L’ancien conseiller personnel de François Hollande qui a dû démissionner, se déchaussait » néanmoins, précise son ancien cireur de pompes. « Car c’est sur une chaise, les souliers posés sur ses genoux recouverts d’un tablier en cuir, qu’il travaillait ». Timide, l’homme se dit aujourd’hui traqué par les journalistes, mais il espère que cette publicité, inattendue, lui ramènera des demandes. Même si pour l’heure, il n’a gagné aucun client. « J’en ai juste perdu un », conclut l’ancien cireur de chaussure d’Aquilino Morelle dans le portrait qui lui est consacré dans Libération ce matin.
Et Le Canard enchainé revient lui sur le remplacement d’Aquilino Morelle à l’Elysée par l’ancien conseiller communication de Laurent Fabius avec ce dessin humoristique où l’on retrouve François Hollande assis à son bureau qui dit à Fabius : « ce dont j’ai besoin, c’est d’une vraie pointure ».