A la Une: menace de guerre en Ukraine

La brève entrée, hier, de chars ukrainiens à Slaviansk, bastion pro-russe de l’est ukrainien, offre aux quotidiens français l’occasion de sortir les grands mots : c’est la guerre ! Ou en tout cas, ça y ressemble, même s’il ne s’agissait que d’une incursion.

« Vu de Paris, cela ressemble peut-être à la guerre », remarque Libé, même si, concède le journal, il ne s’agissait que d’une « escarmouche ».

Mais tout de même... A la une de La Croix, flammes, décombres en cendres et soldat ukrainien pointant son arme, c’est bien une image de guerre que l’on peut découvrir ce matin. De « guerre des nerfs », modère tout de même le quotidien catholique. Qui s’alarme de la suite. « Aujourd'hui, sur le sol ukrainien, toutes les conditions d'une escalade sont donc bel et bien réunies ».

A Slaviansk, « le sang coule et la guerre menace », titre en écho Le Figaro, même s’il s’agit d’une « guerre Potemkine » dans laquelle la défense de la ville par les activistes prorusses « n’a pas l’air beaucoup plus sérieuse que les tentatives de l’armée ukrainienne pour s’en emparer ».

Très résigné par ce petit jeu, constatant que Vladimir Poutine « fait rugir les moteurs de ses chars à la frontière », Le Figaro garantit le succès au maître du Kremlin, même si il « ôte tout crédit à la parole russe ».

Jusqu’où ira Poutine ? Sans attendre, le journal Sud-Ouest porte ce matin son regard plus au nord, vers les pays baltes, « là où un baril de poudre bien plus terrifiant pourrait exploser », énonce-t-il. Et le quotidien régional prédit qu’avec une « froide gourmandise », Poutine jettera ensuite son dévolu « vers d'autres ports. Ceux de la mer Baltique ». A bons entendeurs..

Alstom : le meccano du général Electric

Autres grandes manœuvres, mais dans le monde de l’industrie celles-là. Le groupe français Alstom serait dans la ligne de mire de l’américain General Electric. Révélé par l’agence Bloomberg, le projet de rachat d’Alstom commence à faire des vagues en France. « Un fleuron français sur la sellette », s’alarme en manchette le quotidien économique Les Echos. Et c’est logique, explique en connaisseur le journal. La trésorerie des groupes français est exsangue au sortir de la crise. Et s’il n’y avait que la trésorerie.. « Les perspectives de croissance du marché domestique sont plus faibles (…) ; l'instabilité fiscale brouille toute vision à long terme ; l'épargne française (…) est drainée par l'Etat et manque à l'appel pour assurer aux grands groupes un ancrage hexagonal », relève Les Echos.

General Electric qui convoite Alstom ? « A l'heure où le pacte de responsabilité est censé redonner du muscle à notre appareil productif dans un contexte de patriotisme économique exacerbé, la vente d'actifs sensibles aux Américains serait considérée comme une contradiction politique majeure, (…). Une patate bouillante », prévient Le Républicain lorrain.

Pacte de responsabilité : la fronde

Une patate chaude tombant au plus mal pour le gouvernement français, qui doit faire face à sa majorité. Ca renâcle dans les rangs du Parti socialiste à l’Assemblée nationale. Le « Pacte de responsabilité » a du mal à passer pour certains parlementaires. Des députés « frondeurs » que le PS « menace de sanctionner », lance en manchette Le Figaro, même si, concède le quotidien, la droite, « elle aussi », doit compter avec ses « frondeurs », tel le député des Français de l’étranger, Frédéric Lefebvre, qui « votera pour » le pacte de responsabilité, ou l’ancienne ministre du Budget Valérie Pécresse qui, elle, pourrait voter « un certain nombre de mesures » de ce pacte.

Votera, votera pas ? Le quotidien L’Opinion pose, lui, la question de confiance. « Inutile d’exiger d’un peuple qu’il (…) se serre la ceinture (…), si ses dirigeants ne sont pas capables d’inspirer confiance, énonce-t-il. Pour y parvenir, au coup d’éclat permanent le pouvoir devrait préférer une attitude personnelle empreinte d’austérité et un comportement collectif fait de rigueur ».

Vatican : papes à gogo

A Rome, c’est dimanche que les papes Jean XXIII et Jean-Paul II seront canonisés. Et l’événement sera tel que, déjà, la presse française le fait vivre. Le Figaro y consacre une page entière ce matin. Il faut dire que quelque 800 000 à un million de pélerins se rendront place Saint-Pierre, à Rome. 63 délégations de 54 pays, 19 chefs d’État, 24 premiers ministres, et 23 ministres.

C’est la « ferveur de la génération Jean-Paul II », lance le quotidien français. Une génération qui sera représentée aussi par des centaines d’Africains ayant déjà débarqué à l’aéroport de Fiumicino. Plus de 4 000 autocars en provenance de divers pays européens – Pologne, Allemagne et France notamment – sont arrivés, ainsi que des dizaines de trains spéciaux. Quatorze écrans géants ont été installés. Tous les hôtels, instituts religieux et B & B de Rome, du littoral et des villes distantes de moins de 100 km affichent complet.

Alors, oui, un événement. Et « historique », rehausse un prélat dans Le Figaro, parlant de « deux papes vivants et deux papes saints ». La France sera représentée par le Premier ministre Manuel Valls.

Justement, souligne et rappelle L’Opinion. « Le 1er mai 2011, le Parti socialiste avait jugé « choquant » que François Fillon, Premier ministre à l’époque, assiste à la béatification de Jean-Paul II. Trois ans plus tard, Manuel Valls s’apprête à franchir le Rubicon », étant rappelé que le Rubicon est ce fleuve d’Italie, frontière naturelle que les légions romaines n’avaient pas le droit de franchir et que Jules César avait franchi en lançant sa formule « Alea jacta est » (« le sort en est jeté »), pour partir à la conquête d’un empire. Poutine n’a rien inventé.

Handicapés : vol au dessus d’un nid de coucou

Reportage dans un centre médicalisé pour handicapés français en Belgique, et qui fait froid dans le dos. C’est le journal Libération qui l’a effectué. Cela se passe aux Boutons d’Or, près du village de Celles, entre les villes de Renaix et Tourcoing, en Belgique, dans l’un de ces centres d’accueil pour adultes lourdement handicapés que Libé appelle des « usines à Français ». Car, explique le quotidien, la France « sous-traite » depuis des années la prise en charge de nombre de ces handicapés. Et le résultat est un véritable scandale.

Aux Boutons d’or, tout est défait. Et les quarante patients qui y vivent, tous atteints de troubles sévères du comportement, sont quasiment livrés à eux-mêmes. Le chauffage « ne fonctionne visiblement pas », constate Libération. Dans ce couloir, les fils électriques « sortent du mur ». Dans cette autre aile de bâtiments, « une odeur de moisissure à la limite du supportable. Le papier peint est décollé sur des pans entiers de mur à cause de l’humidité ».. Mais le « business », lui, est « juteux ». Quant aux handicapés, c’est comme s’ils n’existaient pas, ou que l’on avait choisi de les ignorer », s’indigne Libération. Un vrai « vol au dessus d’un nid de coucou ». En pire...

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