Le Nigeria épaissit le millefeuille des intermédiaires pour vendre son pétrole. La compagnie nationale NNPC, qui dispose de la moitié du pétrole nigérian, aux côtés des grandes majors étrangères, vient de confier la commercialisation de son pétrole à une trentaine de petites sociétés nigérianes. En revanche, rien pour les géants suisses du négoce Glencore, Vitol ou Trafigura pourtant très implantés au Nigeria. Rien non plus pour le Chinois Unipec. Et plus rien pour les Etats voisins d'Afrique de l'Ouest, Ghana, Sénégal, Burkina Faso ou Côte d'Ivoire, qui avaient coutume de raffiner une part du pétrole nigérian. Un seul poids lourd du négoce pétrolier subsiste dans la liste que s'est procurée l'agence Reuters : Mercuria. Quasiment toute la commercialisation du quota de la NNPC est confiée à des sociétés nigérianes.
Faire participer davantage les compagnies locales à l'économie pétrolière, c'est une tendance de fond au Nigeria, encore deuxième producteur africain. Une participation croissante des compagnies nationales dans l'exploitation du pétrole, la sous-traitance ou le raffinage. Pour ce qui est de la commercialisation, la société nationale NNPC avait déjà ouvert une brèche il y a quatre ans en imposant des co-entreprises, Calson et Napoil, avec les géants suisses du négoce Vitol et Trafigura, rappelle Philippe Sébille-Lopez, du cabinet Geopolia. En 2012, la part des géants étrangers du négoce avait été réduite. Aujourd'hui, ils sont tout simplement évincés au profit d'un chapelet de sociétés nationales, un véritable précédent selon l'expert de Pétrostratégie, Pierre Terzian. Pour beaucoup d'observateurs, ces sociétés nigérianes, pour la plupart totalement inconnues, n'ont pas vocation à prendre réellement la responsabilité de 931 000 barils par jour ! Au bout du compte, ce sont quand même les grands du négoce, les majors et les raffineurs étrangers qui prendront en charge les tankers, mais les sociétés nigérianes auront épaissi le millefeuille, après avoir prélevé leur part du gâteau.