Le monde de la banane est en émoi. La fusariose, une maladie qui décime les bananeraies d'Asie du Sud-Est a été détectée pour la première fois sur le sol africain. Au Mozambique exactement, dans la première bananeraie industrielle du pays. Pas de chance, le Mozambique souhaitait développer l'exportation de ce fruit vers l'Europe et les pays du Golfe. La fusariose risque bien d'anéantir ses plans aussi vite que ses plantations : c'est un champignon du sol, explique Denis Loeillet du Cirad, qui détruit les champs de banane aussi radicalement que le napalm.
Il pourrait avoir voyagé d'Asie en Afrique de l'Est lors du transport de matériel végétal, des bulbes ou des rejets de bananier. La seule solution, c'est la prévention, par la quarantaine. On n'a encore trouvé aucun remède à la fusariose, qui touche aujourd'hui la banane Cavendish, la plus exportée, après avoir décimé son ancêtre la banane Gros Michel par une autre souche. C'était dans les années 1950, la banane d'exportation d'Amérique latine avait été anéantie, un véritable traumatisme. D'où la peur qui se répand à nouveau dans toute l'industrie. La banane, fruit le plus vendu dans le monde, pèse 9 milliards de dollars.
Le risque n'est pas immédiat, mais que se passerait-il si la fusariose passait du Mozambique à l'Afrique de l'Ouest, région d'exportation importante vers l'Europe et 4 % du commerce mondial, où la filière redémarre. Et si la fusariose traversait l'Atlantique, pour rejoindre l'Amérique latine, 80 % du commerce mondial de la banane... ? La menace était dans toutes les têtes lors du dernier congrès de la banane au Costa Rica. Après avoir tardé à se pencher sur ce fléau de la banane, la communauté scientifique est sur les dents.