Une France moins austère?

Paris cherche à obtenir un délai supplémentaire à Bruxelles pour desserrer l'étau de l'austérité. C’est ce qu’a laissé entendre le président de la République hier dans son allocution télévisée. La France cherche-t-elle à diluer l’austérité ?

 

En annonçant hier soir le remaniement ministériel, François Hollande s'est adressé à mots couverts à la Commission européenne. « Je ne veux surtout pas fragiliser la croissance qui reprend ». Le « surtout pas » est catégorique : pas question pour la France d'aggraver la rigueur avec de nouveaux impôts ou des tailles supplémentaires dans les dépenses.

Le président promet au contraire des abattements d'impôts pour les classes moyennes d'ici trois ans et des allègements de cotisations plus rapides pour les petits salaires. Des bonus aux ménages qu'il faudra bien financer. C'est pourquoi Paris aimerait bien que Bruxelles laisse de côté le seul examen chiffré du budget et tienne compte des efforts menés notamment avec le pacte de responsabilité pour débrider les entreprises.

L’échec de l’austérité partiellement reconnu

Là-dessus, tout le monde est à peu près d'accord. Quand la croissance est à marée basse, la seule austérité ne marche pas. On voit bien en France, comme en Espagne, au Portugal ou en Italie, que cette politique a été contre-productive. La purge infligée aux budgets nationaux a ralenti un peu plus l'activité, et malgré les hausses d'impôts, les recettes fiscales n'ont pas produit le supplément escompté.

Fin 2013, le déficit public moyen est encore légèrement supérieur à 3% en zone euro. Mais si l'austérité n'a pas encore porté ses fruits en France, c'est aussi parce que Paris a entrepris l'assainissement budgétaire avec un temps de retard, sans toucher aux dépenses dans un premier temps. Ce sont d'ailleurs la hausse des dépenses des collectivités locales qui compromettent la tenue de l'objectif assigné pour 2013.

La France obtiendra-t-elle la clémence de la Commission européenne ?

A priori on voit mal comment la France, qui a déjà obtenu un délai de deux ans pour revenir dans les clous, pourrait obtenir une rallonge supplémentaire. Paris est d'ailleurs placé sous surveillance renforcée depuis le mois de mars par la Commission. Dans un communiqué publié ce matin, le commissaire aux Affaires économique et aux Finances Olli Rehn a rappelé que la France doit tenir ses engagements en matière d'ajustements structurels. La Commission pourrait toutefois infléchir sa position. D'abord parce que personne à Bruxelles n'a envie de voir la deuxième économie de la zone euro stagner, les conséquences sont trop graves pour les voisins du sud. Mais Bruxelles ne lâchera rien si le plan d'économies de 50 milliards d'euros, qui sera présenté à la mi-avril, n'est pas suffisamment détaillé et convaincant.

En clair, pour faire passer la pilule des coupes sombres dans les dépenses qui va forcément provoquer la grogne des catégories concernées, Paris obtiendrait un nouveau répit de Bruxelles, voilà qui donnerait un habillage politique au pacte de responsabilité contesté par la gauche du PS, voilà qui donnerait du grain à moudre à tous ceux qui, comme Arnaud Montebourg, souhaitent une Europe moins austéritaire.
 


 
En bref dans l'actualité économique :

Une astuce pour faire baisser d'un quart la facture des cartouches d'encre

Un jeune Américain de 14 ans a découvert qu'en changeant la police de caractère pour l'impression d'un document, on peut diminuer l'empreinte écologique, vous savez que l'encre est particulièrement polluante, et par conséquent faire baisser son coût. Avec le recours systématique à la police garamond, au lieu du times très répandu dans le monde, l'Etat américain économiserait 136 millions de dollars sur une facture de 467 millions. Édifiant, non ?

 

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