Soixante-trois morts en Guinée, cinq au Libéria, et un en Sierra-Leone… Si l’épidémie de fièvre Ebola en Afrique de l’Ouest semble limitée, pour le moment, l’inquiétude se poursuit dans la sous-région. Et les mesures préventives se multiplient. La presse ivoirienne, notamment le site Abidjan.net, rapporte l’appel des autorités à ne plus manger de rongeurs, notamment porc-épic et agouti, particulièrement prisés par les populations. « La frontière ivoirienne n’est située qu’à 140 ou 150 kilomètres du foyer supposé de la maladie, en Guinée. (…) Lundi, rapporte encore Abidjan.net, le directeur de l’Institut national d’hygiène publique, Simplice Dagnan, avait confié son 'inquiétude : la maladie peut facilement voyager. Les animaux (qui véhiculent le virus) ne connaissent pas de frontière', avait-il observé. »
Au Burkina voisin, le quotidien Le Pays exprime sa préoccupation : « la fièvre hémorragique Ebola s’est signalée dans la sous-région, notamment en Guinée ; et en Côte d’Ivoire, les autorités sanitaires ont rapidement pris des dispositions pour se prémunir contre la maladie. Quand on sait qu’entre la République ivoirienne et le Burkina Faso, il n’y a qu’un pas à franchir, on est en droit de se demander si les autorités burkinabè ont pris des mesures préventives. En tout cas, s’exclame Le Pays, il y a lieu de prévenir. »
Prêt ou pas ?
« Le Mali en état d’alerte », titre pour sa part Le Prétoire à Bamako. « Voyant le danger venir, le gouvernement est en train de prendre les dispositions sanitaires nécessaires pour épargner le pays, surtout que le virus est signalé du côté du Libéria et de la Sierra Leone. Cette propagation rapide du virus d’Ebola en Afrique de l’Ouest doit amener les chefs d’Etat de la sous-région à parler d’une même voix, estime Le Prétoire, afin de freiner l’avancée de la maladie. En Guinée, l’épidémie de la fièvre Ebola fait rage, déjà on compte une soixantaine de morts sur 80 cas signalés. Et le risque de contagion est réel pour le Mali, compte tenu des mouvements de population. »
« En réalité, aucune disposition n’est prise, s’insurge Le Républicain, toujours à Bamako. « Aucune structure sanitaire au Mali ne dispose du dispositif sanitaire adéquat, précise le journal. Les personnels qui n’ont pas encore été dotés du matériel nécessaire pour la prise en charge éventuelle des cas attendent sans savoir si ça va venir ou pas. 'Les combinaisons sanitaires, les gants ou les blouses spéciales se font attendre. Nul ne sait quand nous les aurons', s’inquiète le jeune médecin affecté au service des maladies infectieuses de l’hôpital Gabriel Touré. Ceci, pour faire comprendre qu’il suffira d’un seul malade de la fièvre Ebola pour mettre en danger le personnel médical.
Dans les hôpitaux, ça fulmine contre le département de la Santé, rapporte encore Le Républicain.Tout le corps médical a peur parce qu’on est obligé de manipuler les cas suspects sans prendre de vraies précautions. Quand le diagnostic établira qu’il s’agira d’Ebola, ce sera déjà trop tard pour tous ceux qui auront été en contact avec le malade, qu’il soit vivant ou déjà décédé', fait comprendre un jeune interne. 'On ne doit pas attendre que le mal soit à 20 mètres pour se hâter', ajoute-t-il. »
Doublement assassinée ?
Autre sujet à présent : le fait divers qui bouleverse la Côte d’Ivoire… Elle s’appelait Awa Fadiga, elle était jeune et belle, mannequin promue à un bel avenir. Et « ils l’ont tuée ! », s’exclame en Une le quotidien L’Intelligent. « Ils » ce seraient un chauffeur de taxi et son complice qui ont poignardé la jeune fille dimanche dernier pour la voler. Et ce serait également les personnels des urgences du CHU de Cocody. En effet, d’après l’agent d’Awa Fadiga, cité par L’Intelligent, « un employé de l’hôpital trouvé à l’arrivée sur les lieux aurait exigé sans équivoque, le paiement d’une somme avant tout premier soin. Une somme que personne n’avait pour que la jeune fille puisse bénéficier de soins d’urgence. » La famille crie son indignation dans les colonnes du journal : « du dimanche 23h au lendemain lundi à 13h où nous sommes arrivés au Centre hospitalier universitaire de Cocody, notre fille n’était pas prise en charge. Personne ne l’a assistée. Est-ce à dire que les premiers soins n’existent pas dans nos hôpitaux ? Je veux que justice soit faite », a dénoncé Sirakoné Fadiga, la tante de la victime. (…) 'Il aura fallu qu’elle sombre dans le coma pour que des praticiens daignent la toucher et lui administrer de l’oxygène', assure l’un des parents », toujours cité par L’Intelligent. « Le mannequin, qui avait perdu énormément de sang, va finir par rendre l’âme. Au niveau du CHU et du ministère, dénonce encore le journal, c’est l’Omerta totale qui règne. » L’affaire fait donc grand bruit à Abidjan, dans les médias et les réseaux sociaux. Une manifestation est prévue samedi devant l’hôpital de Cocody.