Les cacaoyers et les planteurs vieillissent, sans successeurs

L'offre en cacao ne devrait pas permettre cette année encore de répondre à la demande. L'Europe et l'Asie sont de plus en plus gourmands de chocolat, et l'appétit dope les cours. Plus 25% en 2013 et une tonne de cacao à 3 mille dollars aujourd'hui. Marchés et industriels pensent productivité, dans les plantations les vieux agriculteurs attendent en vain la génération sensée prendre la relève.

Dans les plantations d'Afrique de l'Ouest, en Côte d'Ivoire, ou au Ghana, les vergers ont vieilli, comme les hommes qui y travaillent. Le cacaoyer comme le planteur ont vu passer la folie cacao des années 60, l'arbre venait d'être planté, l'homme avait la force de ses 20 ans. Il y a eu le pic des années 80, et au fil des récoltes, les cacaoyers et les hommes se sont fatigués. En Côte d'Ivoire, 30% des plantations de cacao ont plus de 20 ans, les planteurs camerounais ont souvent plus de 60 ans.

L'âge a sur l'homme et l'arbre le même effet, l'arbre produit moins et l'homme voudrait céder la main, transmettre un savoir-faire, des terres ? Mais la nouvelle génération ne se bouscule pas au portillon. Très peu de pays africains font de l'agriculture une priorité. C’est un manque, une faille dans laquelle les grands groupes de négoce et les industriels s'engouffrent. Ils proposent des formations, mettent sur pied des programmes pour renforcer la productivité, des certifications, dont ils font la publicité. Leur empressement compense l’indifférence des Etats.

Et puis la nouvelle génération a du mal à se laisser séduire. Le travail dans les plantations de cacao est difficile, la cabosse délicate à cueillir, et les payes ne tombent qu'à la récolte alors que dans les plantations d'hévéa, c'est moins de travail, et c'est aussi plus rentable sur les marchés. Le ratio est vite fait. Un agriculteur pour 3 hectares de caoutchouc, 3 agriculteurs pour 1 hectare de cacao. Les plantations de cacao souffrent de cette concurrence.

Et si les cacaoyers n'étaient pas replantés, et si les hommes n'étaient pas remplacés ? Les marchés ne semblent pas vraiment s'en soucier, pas forcément étonnant, mais pas tout à fait rassurant pour les fondus de chocolat quand on sait que 70% de la production mondiale est assurée par la Côte d'Ivoire, le Ghana le Nigeria et le Cameroun.

Partager :