Chiquita-Fyffes: la fusion qui «donnerait la banane» à ses producteurs

L'Américain Chiquita et l'Irlandais Fyffes ont annoncé leur fusion hier. Leur alliance donnera naissance au numéro 1 mondial de la banane. Les bancs à peine publiés, les plus optimistes espèrent que cette fusion permettra de revaloriser le fruit et le travail de ceux qui le produisent.

C'est un mariage un peu bancal. On a d'un côté un groupe irlandais aux résultats exceptionnels, à la réputation solide, dont le développement est souvent salué, et de l'autre Chiquita. L'Américain a fait goûter à ses concitoyens leurs premières bananes, mais a souvent peiné ces dernières années entre difficultés financières et ennuis judiciaires. L’une des filiales de Chiquita avait acheté la protection de paramilitaires en Colombie.

Mais la mariée a des atouts : un réseau de poids, et les clefs du marché américain. Fyffes a les moyens logistiques et les clefs du marché européen. Les deux époux sont parfaitement complémentaires et le géant né de leur fusion - outre les 4,5 millions de chiffres d'affaires cumulés qu'il représente - détiendra 30% du marché européen, premier consommateur de bananes au monde.

Ensemble, Chiquita et Fyffes pourront travailler à réduire leurs coûts au carton ; leur objectif est de vendre 160 millions de cartons de 18,5 kilos de bananes par an. Et surtout ils pourront être présents partout, en amont et en aval, auprès des producteurs, à la mûrisserie, au conditionnement, au transport, à la livraison des bananes jusqu'à devenir un jour - qui sait - incontournable.

Une concentration du marché que l'on observe de plus en plus fréquemment sur le marché des matières premières. C’est la stratégie : limiter les intermédiaires, maîtriser tous les maillons de la chaîne, en amont et en aval. Une concentration à double tranchant cependant : elle peut s'avérer risquée si elle aboutit à un monopole, mais elle pourrait aussi paradoxalement - expliquait Denis Loeillet, responsable de l'Observatoire des marchés au Cirad - servir les producteurs.

Leur redonner à eux une place centrale, ainsi qu'au fruit de leur travail. Sa qualité, l'environnement dans lequel il est produit. C'est d'ailleurs les arguments que pourraient brandir les producteurs antillais et africains si le géant venait à s'attaquer au marché français qu'ils approvisionnent très largement. Pour l'instant, ils ne semblent pas avoir de soucis à se faire. Fyffes n'a jamais mis les pieds en France et Chiquita l'a quittée il y a quelques années déjà.

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