Les champs agricoles chinois menacés par le smog

En Chine, les pics de pollution dus à la combustion du charbon, qui fournit 70% de l'énergie de la deuxième économie mondiale, ont fait souffrir la population, mais pas seulement. Selon une étude scientifique, le smog menace aussi les champs de blé chinois. Un document publié par le Comité central du Parti communiste en début d’année promet des projets pilotes pour décontaminer les champs pollués. Mais pour l'heure, les terres souffrent.

L’épais nuage grisâtre qui a enveloppé Pékin et six régions du nord de la Chine pendant une semaine brûle la gorge et rougit les yeux. Les êtres humains tentent de se protéger avec des masques. Les plantes, elles, sont sans défense.

He Dongxian, professeur à l’Université de l’Agriculture, craint des conséquences néfastes pour la production agricole chinoise, qui s’est élevée à 600 millions de tonnes en 2013. Si le smog persiste, dit-elle, les champs de blé subiront des conditions « semblables à un hiver nucléaire » : les particules fines absorbent 50% de la lumière du soleil, freinent la photosynthèse et empêchent donc les plantes de grandir normalement. Un tel ralentissement pourrait, à long terme, affecter le rendement de la production agricole qui contribue à hauteur de 10% du PNB du pays. Mais il pourrait également mettre en péril l’approvisionnement alimentaire des 1,3 milliard de Chinois, estime la chercheuse, preuve à l’appui. Dans son laboratoire, elle a fait pousser des semences de tomates et de piment rouge : celles sous lumière artificielle germaient en vingt jours, celles mises en terre dans une serre des banlieues de Pékin mettaient plus de deux mois à se développer.

He Dongxian, citée par le journal South China Morning Post, parle même de « panique dans presque toutes les fermes chinoises à cause du smog ». Les cultures sous serres, qui occupent 4 millions d’hectares de terres et fournissent le gros des légumes sur les marchés chinois, seraient les premières victimes de la forte pollution de l’air. Déjà en décembre dernier, le ministère chinois de l’Agriculture avait tiré la sonnette d’alarme en annonçant qu’une surface agricole grande comme la Belgique serait trop polluée pour être cultivée. 

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