Les doutes sur l’économie brésilienne à trois mois du Mondial

La Coupe du monde de football démarre dans 100 jours au Brésil. Cet évènement devait être une grande fête, un sacre pour ce pays émergent, mais les difficultés entrevues en 2013 sèment le doute sur la résilience de son économie.

Brésil attention fragile ! Car 2013 a confirmé la panne décelée en 2012. Au lieu des 7 % de la décennie précédente, le Brésil évite de justesse une entrée en récession et se contente de 2 % de croissance, et ce n'est pas la faute à la Fed. Le problème vient de l'intérieur. Pour la première fois depuis dix ans, les achats de voitures ont baissé en 2013, idem sans doute pour la consommation de bière dont les Brésiliens sont pourtant parmi les plus grands buveurs au monde. La consommation des ménages est en berne. Or la consommation intérieure, c'est ce qui a porté le développement du pays depuis dix ans. Le Brésil a encore de beaux restes, notamment un chômage assez bas, un vrai potentiel agricole, mais il faut changer au plus vite de moteur.

Quel autre moteur pourrait remplacer celui de la consommation ?

Dans l'idéal, l'économie brésilienne devait passer d'une politique de la demande à une politique de l'offre, c'est-à-dire à un rebond des investissements. Pour le moment, ça ne fonctionne pas. Faute de clients, les usines restent avec des stocks de marchandises sur les bras et renoncent à investir. Il y a bien eu des investissements étrangers en hausse, des levées de fonds sur le marché local, essentiellement dans les hydrocarbures, et dans une moindre mesure dans le secteur des nouvelles technologies. Mais le niveau des montants engagés n'est pas suffisant pour tirer la croissance. Et puis la reprise est entravée par la lutte contre l'inflation, en remontant les taux d'intérêt pour faire retomber la pression sur les prix, la Banque centrale du Brésil a du même coup surenchéri le coût des investissements locaux.

Les grands travaux lancés pour la Coupe du monde ont-ils bénéficié à l'économie ?

Ils ont dopé la construction, mais la bureaucratie et la corruption alourdissent la facture sans profiter à l'économie réelle. La Fifa voit d'ailleurs avec inquiétude qu'une partie des stades promis sont toujours en chantier. Les Brésiliens eux aussi s'interrogent. Comment ces stades surdimensionnés vont-ils se reconvertir quand la grande fête du ballon rond sera finie ? En revanche, il faudra continuer à rembourser leur financement. Or c'est surtout l'État qui supporte les dépenses. Mais quand la croissance est molle, les rentrées fiscales s'évanouissent, c'est pourquoi l'État est contraint de revoir son train de vie. Les agences de notation sont en embuscade, prêtes à dégrader la note souveraine du Brésil, ce qui ne ferait qu'alourdir le service de la dette. La semaine dernière, le ministre des Finances a annoncé des coupes de 18 milliards de dollars dans la dépense et il a promis de dégager un excédent budgétaire, une promesse qui sera difficile à tenir en année électorale.

 

 

Partager :