La presse africaine continue de titrer sur la libération imminente de Michel Atangana et Titus Edzoa au Cameroun. Une imminence, qui dure un peu trop longtemps, écrit entre les lignes Guinéeconakry.info. « Beaucoup s’attendaient à ce que les [deux célèbres prisonniers] soient libérés au plus tard jeudi (...) que [le président] Paul Biya saisirait l’opportunité de la fête nationale pour concrétiser sa promesse, (...) c'était mal connaître le chef de l'Etat ». Pour le journal en ligne guinéen, Paul Biya, qui « a été relativement contraint par la communauté internationale [à décider de] la remise des peines des deux prisonniers» » (...) « a tenu à sauver la face en réglant le timing de la libération à sa guise » et « se délecte (même) de l’impatience des prisonniers et de leurs proches ».
Le quotidien camerounais Mutations s'est rendu dans la prison où sont détenus les deux hommes. « Ambiance de calme plat. (...) Aucune effervescence particulière », note le journaliste. Il s'étonne tout de même que les gardes du prisonnier Titus Edzoa aient déserté leur poste d'observation. Mutations s'entretient avec ce dernier, puis avec Michel Atangana, qui accueille le journal « avec un sourire des jours heureux », « dans un parfait climat de complicité avec ses geôliers, dont la présence sur les lieux, à en croire un adjudant chef, vise dorénavant à veiller à l’intégrité physique du franco camerounais ».
Un acte de pardon ? Vraiment ?
Les journaux reviennent aussi sur ce qui a décidé le président Biya à signer ce décret de remise de peine. « Curieuse, mais heureuse grâce présidentielle », titre le Blog de Barbiiga, qui se demande si le président a finalement cédé aux pressions de la France.
« A entendre le ministre de la Communication (...), il s'agit plutôt d'un geste de magnanimité, de tolérance et de pardon », ironise L'Observateur , au Burkina, qui n'y croit pas du tout. Selon Mutations, au Cameroun, c'est plutôt le Conseil des droits de l’homme de l'ONU, « caillou dans la chaussure du gouvernement », qui a fait plier la présidence. Le quotidien précise que Michel Thierry Atangana devrait maintenant demander des réparations à l'Etat camerounais. Elles pourraient s'élever à 338 milliards de Francs CFA, soit plus de 515.000 euros.
Côte d’Ivoire : les divisions du FPI
On part maintenant en Côte d'Ivoire, où s’ouvre la 8ème convention du Front populaire ivoirien. L'Observateur au Burkina Faso rappelle les origines du clivage au sein du principal parti d'opposition ivoirien, à savoir la perspective de la présidentielle de 2015. « Les uns, à l’instar du président de la formation, veulent d’une candidature, les autres, comme le porte-parole de l’ex-président, l’entendant de la même oreille mais à une seule condition : la libération de leur champion, Laurent Gbagbo ».
Selon le quotidien burkinabé, il faudrait pourtant que ces deux clans règlent leurs différents. « Après l’absence aux élections locales d’avril 2013, le FPI survivra-t-il à d’autres rendez-vous manqués avec l’électorat ? s'interroge le L'Observateur . On comprend bien la fidélité à toute épreuve des adeptes du «rien sans Gbagbo». Mais le gage de fidélité consiste plutôt à travailler à pérenniser [son] œuvre ».
La vice-présidente chargée de la mobilisation et de l'organisation du FPI appelle en tout cas les partisans de la formation à se rendre nombreux au palais des sports de Treichville. « De notre rassemblement dépend la libération de Laurent Gbagbo », explique-t-elle dans les colonnes du journal ivoirien Notre Voie.
Affrontements à l’université de Cocody
Pour finir, un mot de ces troubles à l'Université Félix Houphouët Boigny, plus précisément à l'UFR de Sciences médicales. Le bilan est lourd, note le journal ivoirien L’Intelligent: un étudiant dans le coma et plusieurs blessés. Ces violences auraient pour origine, selon la presse, une altercation entre un étudiant de la faculté de médecine et des éléments de la police. Cet étudiant aurait voulu prendre des photos d'une manifestation. Mais la police universitaire, craignant d'être filmée, lui aurait arraché l'appareil des mains avant de le lui rendre. Selon L'Intelligent, l'étudiant aurait aussi été giflé. Le lendemain, ce dernier reconnaît son agresseur à l'entrée de l'université, tente d'en découdre, aidé de plusieurs camarades. S'en suit, jeudi, une « descente » de la police universitaire, qui n'a pas hésité, selon le journalLe Patriote, « à tabasser les étudiants ». Et ce, pendant une demi-heure précise L'Intelligent, pour qui les policiers étaient « armés, de gourdins, de barres de fer, et d’armes à feu ». Selon Le Patriote, le doyen de la faculté de l’étudiant agressé aurait décidé de suspendre les enseignements jeudi, et de convoquer une assemblée générale ce vendredi matin.