Réunion de l'Alena à Toluca au Mexique

Les dirigeants américains, canadiens et mexicains se sont retrouvés hier à Toluca, au Mexique, pour un sommet de l'Alena qui, vingt ans après sa création, a un peu de mal à trouver un second souffle.

L'Alena, l'accord de libre-échange nord-américain, c'est trois pays, trois géants de l'Amérique du Nord et c'est surtout 1 000 milliards de dollars annuels d'échanges commerciaux, mais c'est aussi un certain nombre de frictions entre ceux que l'on surnomme encore « Los tres amigos » (les trois amis). D'abord libre-échange ne veut  pas dire libre circulation, notamment des personnes. Les Mexicains, notamment, l'ont appris à leurs dépens. Bien que ses réformes dans les domaines énergétiques, économiques et éducatifs soient saluées par ses partenaires du Nord, le président mexicain Enrique Peña Nieto a manifestement du mal à faire passer l'idée que ses partenaires pourraient faciliter la vie de ses concitoyens.

Il y a 11 millions de clandestins aux États-Unis, dont une grande partie sont des Mexicains. Barack Obama explique que ce dossier reste une de ses « plus hautes priorités », mais il ne donne pas d'indication sur les moyens de briser ou de contourner la résistance des républicains pour parvenir à une régularisation de la situation de ces migrants. Sur le même dossier, le Mexique et le Canada ont leur propre contentieux depuis le durcissement par le gouvernement conservateur de Stephen Harper en 2009, des conditions d'obtention des visas qui n'ont que peu de chances d'évoluer, à peu près pour les mêmes raisons politiques qu'aux États-Unis.

Le Premier ministre canadien à lui aussi des revendications vis-à-vis des Américains

Et la principale s'appelle Keystone XL. C'est le nom du projet d'Oléoduc destiné à transporter le brut canadien extrait des sables bitumineux de la province de l'Alberta, vers les raffineries du Texas dans le sud des États-Unis. Le projet est toujours bloqué aux États-Unis en raison de la forte opposition des défenseurs de l'environnement, très mécontents de la manière très polluante dont est extrait ce pétrole.

Du coup, pour faire pression, le gouvernement canadien menace de mener à bien un autre projet, celui d'un oléoduc qui passerait à travers les montagnes rocheuses et la Colombie-Britannique, pour aboutir sur la côte ouest-canadienne à Vancouver, qui est aussi, soit dit en passant le berceau de l'organisation écologiste Greenpeace et accéder ainsi directement au Pacifique et donc à l'immense marché chinois et asiatique.

Le Pacifique, c'est par là aussi que regarde Barack Obama

Et c'est vers l'Asie qu'il aimerait aussi inciter ses partenaires de l'Alena à regarder grâce au partenariat transpacifique élargi à 12 pays. En plus des trois pays de l'Alena sont concernés, l'Australie, le sultanat de Brunei, le Chili, le Japon, la Malaisie, la Nouvelle-Zélande, le Pérou, Singapour et le Vietnam. Ensemble, tous ces pays représentent près de 40 % de l'économie mondiale. Le but, c'est aussi de profiter de cet éventuel accord pour inclure des sujets qui n'ont pas été inclus au départ dans l'Alena comme les normes sur le travail ou l'environnement.

Le hic, c'est que Barack Obama fait face à des doutes sur cette orientation au sein de son propre parti. Il espère aboutir cette année mais, en attendant, le Mexique appuie sur l'accélérateur. Il y a moins de deux semaines, Enrique Peña Nieto signait avec d'autres pays latino-américains, ceux de l'Alliance du Pacifique créée en 2011, un accord élargissant l'exonération des droits de douane à 92% du commerce effectué entre les pays membres de cette Alliance du Pacifique.

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