La Côte-d'Ivoire est le deuxième producteur mondial de noix de cajou, derrière l'Inde (500 000 tonnes espérées cette année, 15 % de la production mondiale). Pourtant elle peine à rentabiliser cette filière, faute de transformation sur place. La valeur ajoutée de l'anacarde ivoirien part au Vietnam, devenu le premier exportateur mondial de noix de cajou, grâce aux noix brutes importées d'Afrique. Car c'est au Vietnam et en second lieu en Inde que sont situées la plupart des usines qui effectuent le long processus menant au fruit sec consommable : trois semaines pour sécher, étuver, décortiquer - parfois à la machine - et enfin peler la noix elle-même, à la main.
La Côte d'Ivoire se lance dans la transformation, mais cette industrie naissante s'est surtout développée au Ghana voisin, beaucoup plus stable. Le Ghana a bénéficié d’investissement dans ce secteur (y compris d’une entreprise brésilienne, tout récemment, le Brésil produisant et transformant la noix de cajou), et il peut désormais transformer 200 000 tonnes de noix brutes, quatre fois plus que ce qu'il produit (48 000 tonnes) ! C'est bien sûr pour accueillir la production ivoirienne qui traverse massivement et souvent illégalement la frontière, attirée par une rémunération supérieure. 100 000 tonnes, 25 % de la noix de cajou ivoirienne rejoindrait le Ghana, un manque à gagner énorme pour la Côte d'Ivoire, même si elle exporte plus de 90 % de l'anacarde sous forme de noix brute. Cette année, le gouvernement a augmenté le prix bord champ minimum à 225 francs CFA le kilo et s'est engagé à le faire respecter contrairement à ce qui s'est produit l'an dernier. Ce n'est pas assez, estiment les producteurs ivoiriens.
Malheureusement, la noix de cajou ivoirienne traîne une réputation de moins bonne qualité que sa concurrente ghanéenne sur le marché mondial. Et la noix de cajou d'Afrique de l'Ouest (environ 1 200 dollars la tonne) est globalement moins bien cotée que sa concurrente d'Afrique de l'Est (jusqu'à 1 450 dollars la tonne). Cependant, la noix brute de Tanzanie est décidément devenue trop chère. Alors que la consommation mondiale ralentit depuis deux mois, les transformateurs vietnamiens font une pause dans leurs achats en attendant la production ivoirienne. Une noix de cajou meilleur marché que le Vietnam achète en outre de plus en plus directement, sans passer par les intermédiaires indien ou singapourien.