Ce Français d’origine camerounaise emprisonné au Cameroun depuis 1997 pour détournement de fonds publics, pourrait bien sortir de prison dans les jours à venir, s’il faut en croire la presse camerounaise ce matin.
En effet, s’exclame Le Messager, « le fait est inédit. Le président de la République a accordé des remises de peine totale à des justiciables condamnés notamment pour détournement de deniers publics. Dans un décret signé hier, mardi 18 février, Paul Biya accorde, cite le quotidien camerounais, 'une remise totale de la peine restant à purger en faveur des personnes condamnées à une peine d’emprisonnement à temps, pour détournement de deniers publics, et dont le séjour en milieu carcéral, en raison des condamnations intervenues, pour des infractions de même nature, est supérieur à dix ans'. (…) Les seuls dans cette situation, relève Le Messager, sont Michel Thierry Atangana et Titus Edzoa ; l’homme d’affaires et l’ancien ministre avaient été condamnés en 1997 à quinze ans de prison. »
Et le quotidien camerounais de citer des sources au ministère de la Justice qui confirment la libération des deux hommes dans les prochains jours… Le site internet de Jeune Afrique confirme aussi cette prochaine libération et publie même un fac-similé du fameux décret présidentiel signé hier.
Finalement, commente Mutations, autre quotidien camerounais, « Paul Biya a cédé à l’ultimatum de l’ONU : les injonctions et les menaces de la commission des droits de l’homme des Nations Unies ont fini par avoir raison de la détermination, de l’intransigeance et de l’entêtement du chef de l’Etat camerounais. Pour échapper aux sanctions projetées par l’organisation mondiale, Paul Biya vient donc de lâcher du lest, estime Mutations. Il vient de se débarrasser d’un fardeau encombrant, de cette affaire Atangana qu’il traînait depuis près de 17 ans, à la manière d’un boulet attaché à son pied. L’occasion de la célébration du cinquantenaire de la Réunification était trop belle pour que le chef de l’Etat n’en profite pas. Ce faisant, il fait d’une pierre deux coups : il se remet en selle et peut envisager sereinement son voyage aux Etats-Unis comme invité de Barack Obama pour prendre part au sommet Afrique-Etats-Unis. »
Mutations qui cite également la réaction de l’avocat d’Atangana, Maître Tchoungang : « par cet acte sans précédent, le président de la République a voulu envoyer un message fort aux magistrats qui condamnent à tour de bras, sans état d’âme. Cette remise totale de peine du chef de l’Etat qui intervient après la demande de libération immédiate exigée par l’ONU, poursuit Maître Tchoungang, vient confirmer que le dossier de Michel Thierry Atangana était vide. »
Mohammed VI sur les pas de Kadhafi ?
Dans les médias ouest-africains : la tournée en Afrique noire de Mohammed VI… Première étape, le Mali, avant la Guinée Conakry et le Gabon : « cette visite du Roi chérifien intervient à un moment où, plus que jamais, sa voix peut être audible dans le processus de négociation entre le gouvernement malien et les groupes armés du nord du Mali », commente Le Républicain à Bamako. « Ses ambitions affichées, poursuit le journal, rappellent un peu celles de Kadhafi, l’ex-guide libyen, qui n’a, jusque là, pas été remplacé du point de vue des relations de générosité avec l’Afrique noire. »
En fait, estime L’Observateur Paalga au Burkina, « derrière les intentions affichées, apparaît en filigrane la volonté du Maroc d’imposer sa marque devant sa rivale de tous les jours qu’est l’Algérie. L’offensive de charme à destination de l’Afrique noire, qui a commencé hier au Mali, illustre à souhait les relations tumultueuses entre les voisins marocain et algérien : que la médiation dans la crise malienne ait été retirée à Ouagadougou par Bamako et Alger n’est pas pour plaire aux Marocains. Le MNLA ne se sentant pas des atomes crochus avec le pays de Ben Bella, ce serait là une occasion pour Sa Majesté d’avoir son mot à dire sur la situation malienne… et marquer plus de points. »
En effet, renchérit Le Pays , toujours au Burkina, « si cette visite de Mohamed VI prend en compte les dimensions économique, religieuse et politique, elle pourrait aussi être une tentative de récupération de la médiation conduite par l’Algérie dans la crise malienne. (…) Avec l’absence du Guide libyen Mouammar Kadhafi, Mohamed VI n’hésitera pas à jouer ce rôle de leadership, à imprimer sa diplomatie en Afrique de l’Ouest. »