Le cacao asiatique pourra-t-il un jour prendre le relais de son concurrent africain, pour contenter la planète en chocolat ? Le goût pour le chocolat se répand, mais les cacaoyers vieillissent en Côte d'Ivoire, la production du numéro un mondial stagne (1,4 million de tonnes), et même si le Ghana (quelques 800 000 tonnes) a progressé ces dernières années, on prévoit qu'en 2020, l'offre de cacao sera inférieure d'un million de tonnes à la demande. Alors l'industrie cacaoyère se tourne vers l'Asie, d'autant que c'est là que progresse le plus fortement la demande de chocolat. L'Indonésie est déjà un producteur important, le troisième au monde. Les usines de broyage s'y multiplient pour fournir les transformateurs asiatiques. Mais il faudra investir fortement pour relancer la production qui décline depuis dix ans : les plantations indonésiennes souffrent de plus en plus des moisissures et des insectes, le changement climatique ayant aggravé l'humidité. Depuis son pic de 2005, le tonnage indonésien a chuté d'un quart (à 425 000 tonnes prévues en 2014). Au point que cette année, l'Indonésie sera contrainte d'importer quatre fois plus de fèves africaines que l'an dernier, pour faire tourner ses usines ! Le Vietnam pourrait-il prendre le relais ? L'organisme public Vinacao souhaite en tout cas multiplier par cinq la production de cacao, jusque-là restée dans l'ombre du café.
Mais même à 15 000 tonnes par an en 2020, la production vietnamienne de cacao restera cent fois plus petite que la production ivoirienne actuelle. Le Vietnam pourrait au mieux occuper un marché de niche si le pays prend le parti de la qualité via la certification. Le café asiatique, qu'il soit indonésien ou vietnamien, est donc bien loin de pouvoir détrôner le cacao africain.