Il y a en face de l’Elysée, dans la vitrine d’une boutique, une robe de mariée. Dans la file d’attente de la conférence de presse de mardi où 600 journalistes étaient attendus, certains pouffaient : à qui va-t-il l’offrir ? A Hilary Trierweiler… ? Jusqu’alors, ce type de commentaires ne passait pas le seuil du Palais. Et voilà que mardi 14 janvier, ce n’est pas une, mais six questions qui ont été posées autour des révélations du magazine Closer sur la liaison supposée de François Hollande avec l’actrice Julie Gayet. Au président de l’Association de la presse présidentielle « l’honneur », comme il dit, de poser la première question : Valérie Trierweiler est-elle toujours la Première dame ?
François Hollande a éludé sur ce statut qui n’existe pas, en promettant des éclaircissements avant sa visite d’Etat aux Etats-Unis, le 11 février. Puis, c’est la question de la frontière entre l’intimité et la vie politique qui a été posée, celle de la sécurité du président, de l’état de santé de Valérie Trierweiler... Le chef de l’Etat avait beau demander le respect de sa vie privée, une limite était en train de voler en éclat… Si le pacte de responsabilité ne l’avait pas emporté de justesse, c’eut été une conférence de presse pour magazines people.
Julie Gayet réclame 50 000 euros à Closer pour violation de sa vie privée. Mais cet hebdo appartenant à la famille Berlusconi arguera qu’il a posé de vraies questions sur la sécurité du président, que l’on voit très peu protégé, un casque à moto sur la tête. La Cour européenne des droits de l’homme estime que la « couverture médiatique de personnalités est acceptable si elle correspond à l’intérêt général ». François Hollande, lui, dit qu’il ne peut attaquer un journal car il bénéficie de l’immunité présidentielle, reprenant ainsi une tradition remontant à Giscard d’Estaing.
Si TF1 et BFM TV ont évitées de se montrer insistantes, alors que se joue en ce moment l’arrivée en gratuit de la chaîne LCI, c’est davantage auprès des journaux dits sérieux qu’on en fait beaucoup. « Le discrédit », a titré L’Express tandis que Le Point évoquait un tournant vie économique-vie privée avec en couverture « Ça déménage ». Pourquoi autant sur une affaire de cœur alors que les trois quarts des Français assurent que cela ne change rien à leur opinion sur Hollande ? Parce que c’est « une affaire d’Etat » comme le soutient le Times ? Ou plutôt, comme on l’assume outre-Manche, car l’intimité révélée fait vendre et qu’il n’y a plus de vie privée qui vaille, sur la voie publique, à l’heure des smartphones.