Et cela au plus mauvais moment de l'année. Selon le syndicat allemand Verdi, Amazon réalise 70% de son chiffre d'affaires au moment des fêtes. Et il s'en donne les moyens. En Allemagne, 14 000 intérimaires sont recrutés pour cette période, c'est une fois et demi le nombre des salariés permanents. Le plus d'Amazon, ce qui lui a permis de devenir le numéro un mondial de la vente en ligne, c'est une véritable révolution dans le processus de distribution. Grâce à internet, l'organisation du travail est rationalisée, millimétrée pour répondre au plus vite aux désirs des clients.
La valeur ajoutée d'Amazon c'est ce concept informatique allié à des frais fixes relativement bas, car les entrepôts en Allemagne comme partout dans le monde sont situés dans des régions peu peuplées, d'où les faibles coûts de stockage. Mais dans ce concept 2.0, l'homme joue toujours un rôle clé. Et ce sont ces employés indispensables à la bonne marche de l'entreprise qui réclament aujourd'hui une part des bénéfices records enregistrés par la firme américaine.
Les salariés allemands d'Amazon gagnent 9 euros 55 de l'heure en début de carrière selon leur employeur
C'est plus que le futur salaire minimum promis par Angela Merkel. Et d'après le syndicat Verdi qui défend les salariés allemands d'Amazon, c'est surtout un tiers de moins que chez les concurrents. En les rémunérant comme des logisticiens et non comme des employés de la distribution, le groupe américain fait une économie substantielle. Le combat de Verdi commence à faire tache d'huile. Le syndicat allemand a reçu le soutien d'un syndicat américain. Et dans d'autres pays européens, plusieurs reportages ont dénoncé les conditions de travail archaïques pratiquées dans ce temple de l'économie du futur.
La BBC a diffusé des images tournées clandestinement où les salariés doivent traiter un nouvel ordre toutes les 33 secondes. En France un journaliste, Jean-Baptiste Malet, relate dans un livre son expérience d'employé au dépôt de Montélimar. Les conditions de travail sont d'après lui dignes du 19e siècle en termes de cadence, de contrôle infligé aux salariés, de sécurité d'emploi pour les bataillons d'intérimaires recrutés aux périodes de pointe.
Est-ce que la grève dans les dépôts allemands a des chances de réussir ?
D'après la direction d'Amazon, pas de panique, les salariés sont bien traités et surtout le travail sera effectué en temps voulu, les cadeaux commandés en ligne seront bien dans la hotte du père Noël. Verdi est toutefois confiant. Fidèle à la tradition allemande, le syndicat cherche plutôt à faire pression qu'à bloquer l'entreprise. Et c'est plutôt réussi, car le mouvement entamé au printemps commence à devenir populaire.
D'après une étude publiée la semaine dernière, Amazon n'est plus le distributeur préféré des Allemands, il a été rétrogradé à la deuxième place, en partie en raison de la méfiance des citoyens sur les pratiques du géant américain. Une mauvaise note qu'Amazon a tout intérêt à corriger au plus vite, l'Allemagne est son deuxième marché après les États-Unis.