La Thaïlande, le pays téflon

En Thaïlande, les remous politiques commencent à hypothéquer les chances de reprise. Car ce pays à revenu intermédiaire a du mal à retrouver la croissance trépidante qui caractérise les pays émergents. Parviendra-t-elle à surmonter la nouvelle crise comme elle l’a fait par le passé ?

La contestation née dans la rue à la fin du mois de novembre, c'est déjà un million de touristes en moins pour la Thaïlande, selon les chiffres publiés par le ministère chargé du secteur. Ils révèlent que 600 000 Thaïlandais ont préféré rester chez eux et que 400 000 étrangers ont annulé ou reporté leur voyage. Le mécontentement populaire s'exprime au plus mauvais moment pour la saison touristique. C'est en effet à cette période de l'année que les vacanciers sont les plus nombreux. Les voyagistes commencent à faire la grimace, car 37 gouvernements déconseillent maintenant cette destination à leurs ressortissants.

Or, le tourisme représente 8% du produit intérieur brut de la Thaïlande. Voire près du double si on inclut les retombées indirectes procurées par les activités subordonnées comme le transport. Le manque à gagner se chiffre déjà à plus d'une centaine de millions de dollars. C'est un sérieux accroc pour le secteur, mais pas encore la catastrophe comme en témoigne l'accroissement vertigineux du nombre de visiteurs pour l'année 2013. Il augmente cette année de 20%, un nouveau record absolu pour le jeune tigre de l'Asie du Sud-Est.

Est-ce que le reste de l'économie thaïlandaise souffre également de la crise ?

L'automobile comme l'électronique, les deux points forts de son industrie, dépendent plus de la demande extérieure que des aléas de la vie politique interne. Et en raison de l'atonie mondiale, les exportations cette année progressent lentement. Idem pour les investissements qui font du sur place, tandis que la consommation des ménages stagne. Dans ce contexte assez déprimé, le gouvernement a joué la carte des grands chantiers. La construction d'une ligne de chemin de fer à grande vitesse, d'autoroutes, de ports devait être les nouvelles locomotives de l'économie thaïlandaise.

Mais le financement de ces projets gigantesques est aujourd'hui suspendu à la crise politique. Le grand emprunt public sera lancé quand le prochain gouvernement sera en place, c'est-à-dire au mieux au printemps prochain. Cette paralysie doublée d'une incertitude sur l'issue de la crise pourrait effrayer les investisseurs étrangers et les multinationales. C'est sans doute la plus grande menace qui pèse sur l'économie thaïlandaise. La désaffection des investisseurs pourraient très vite faire grimper les taux d'intérêt et donc sérieusement handicaper le financement de l'économie.

C'est un pays qui a la réputation de bien résister aux coups durs

C'est pour cela qu'on a baptisé la Thaïlande « le pays téflon ». Tout comme ce revêtement qui recouvre les poêles à frire, la Thaïlande semble indestructible, capable de surmonter toutes les avanies, qu'elles soient météorologiques, politiques ou financières. En témoigne son rebond systématique après les émeutes des pro et des anti-Taksin qui se sont succédés de 2008 à 2011. En témoigne aussi sa résilience après le tremblement de terre nippon, suivi des inondations qui ont également marqué l'année 2011. Mais la crise mondiale de 2008 l'a fait trébucher et Bangkok peine à retrouver les 5% de croissance du début des années 2000. Une nouvelle fois dans la tourmente politique, le roseau de l'économie mondiale doit donc démontrer qu'il plie, mais ne se rompt pas. 

 

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