Impasse sur les biocarburants en Europe

Le désaccord est total entre les Etats de l'Union européenne sur les biocarburants de première génération. Le statu quo va donc prévaloir jusqu'à nouvel ordre.

« Victoire du biodiesel, défaite de la lutte contre la faim et de la défense du climat ». Le tweet de Corinne Lepage est amer. L'eurodéputée avait mené la bataille au Parlement européen pour abaisser la part des biocarburants de première génération dans les moteurs, initialement portée à 10% en 2020. Des biocarburants issus du colza, de la betterave ou du blé en Europe ; de la canne à sucre ou de l'huile de palme sous les tropiques qui, non seulement empiétaient sur les cultures alimentaires, mais contribuaient selon certains scientifiques à réchauffer le climat parce qu'ils encourageaient la déforestation. Ce « changement d'affectation des sols » les auraient rendus au bout du compte aussi émetteurs de CO2 que les carburants fossiles, issus du pétrole, qu'ils étaient censés remplacer. Un comble !

La Commission de Bruxelles et le Parlement européen étaient les plus décidés à freiner le développement de ces biocarburants de première génération, le bioéthanol et surtout le biodiesel, le plus montré du doigt. C'était sans compter la force de ces industries en Europe, et notamment en France. Le plafond qui devait contenir la croissance de ces biocarburants n'a cessé d'être relevé de 5% à 6% puis à 7% dans la dernière proposition de la présidence finlandaise au Conseil européen ; les biocarburants plus vertueux à base d'algue ou de déchets perdaient toute incitation aux investissements. C'était un compromis qui satisfaisait la France, grande productrice de biodiesel, mais aussi l'Espagne et le Portugal. En revanche, ni les « ultra » des biocarburants, Pologne, Hongrie, République tchèque, ni les antibiocarburants comme le Benelux, le Danemark et l'Italie n'étaient satisfaits. A l'arrivée, les pro et les anti ont fait capoter la réforme. Une réforme repoussée aux calendes grecques ? Peut-être pas. Mais c'est la Grèce qui héritera de ce délicat dossier en janvier prochain, en même temps que de la présidence de l'Union.

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