Blé, maïs, soja, lait ou bœuf... La hausse des matières premières pour l'alimentation de l'homme et du bétail s'est poursuivie en 2012-2013, mais en France, elle a été quasi-indolore pour le consommateur. C'est ce qui ressort du rapport de l'Observatoire de la formation des prix et des marges des produits alimentaires. L'exemple le plus flagrant c'est le prix du lait en pack, qui a connu une stabilité étonnante sur la période, alors que les éleveurs ont eu des frais d'aliments très élevés et que les cours mondiaux du lait se sont envolés, après la sécheresse néo-zélandaise ; mais les producteurs laitiers n'ont pas profité à plein de cette embellie mondiale, et l'industrie laitière a pris sur ses marges. Dans la viande, le prix de la tranche de jambon n'a pas bougé depuis... douze ans, mais au prix de la survie des élevages et des abattoirs français. Dans la baguette la part du prix du blé, même minime par rapport aux autres frais de fabrication, a doublé depuis 2005 ; les rayons de boulangerie des grandes surfaces sont déficitaires. Les filières alimentaires ont joué un rôle d'amortisseur tout au long de la chaîne, la grande distribution en limitant la hausse des prix en rayon, a comprimé ses marges, mais elle a aussi écrasé les marges de ses partenaires, les transformateurs et les producteurs. Le consommateur est gagnant, résume le président de l'observatoire Philippe Chalmin, mais on a vraiment atteint la limite de cet exercice. Un exercice très français observe-t-il, car en France la grande distribution est à la fois très puissante et soumise à une concurrence impitoyable sur les prix entre grandes enseignes. En Allemagne, on voit les prix fluctuer davantage en fonction des coûts des matières premières qu'en France.