Il y a les intentions et les faits. Chacun s'alarme des rejets croissants de CO2 dans l'atmosphère, chacun s'inquiète devant les images d'Harbin, mégalopole du nord de la Chine plongée le mois dernier dans un épais brouillard du en partie au chauffage au charbon.
On court à la catastrophe s'insurgent les experts du climat appelant le monde à opter pour des énergies propres. Les intentions sont là, mais comment pourraient-elles faire le poids face aux arguments économiques et politiques ? Le charbon est l'énergie du pauvre et il n'a pas de concurrent.
En 40 ans, la production mondiale de houille n'a cessé de progresser, dopée par les pays émergents. A elle seule, la Chine a produit près de quatre milliards de tonnes l'an dernier, soit 47,5 % de la production mondiale, loin devant les Etats-Unis ou l'Australie.
Le charbon c'est l'une des principales sources d'électricité, en Chine, mais également en Inde. Les Indonésiens l'appellent le produit de Dieu et à regarder le boom des exportations de charbon, on comprend aisément pourquoi.
Et si le recours au charbon a chuté ces dernières années dans les pays occidentaux, la consommation mondiale devrait progresser de près de 6 % d'ici à 2020 et de 17 % d'ici à 2035.
C’est aussi de l'énergie rapidement disponible. Pourquoi autrement l'Allemagne déplacerait-elle des villages entiers pour rouvrir ses mines de charbon, le temps de substituer le nucléaire abandonné par de l'éolien et du photovoltaïque ?
Le vrai défi aujourd'hui serait d'arriver à mieux maitriser les émissions de CO2, d’améliorer les rendements tout en protégeant l'environnement. Miser sur la production d'un charbon propre, développer les techniques de captages et de stockage de CO2 pour le garder le plus longtemps possible sous terre, développer l'oxycombustion qui, en utilisant de l'oxygène pur, permettrait de recycler partiellement le CO2 produit.
Des avancées technologiques qui, bien entendu, ont un coût, loin d'être encore compatibles avec les exigences économiques des grands consommateurs de charbon d’aujourd’hui.