Certes, son caractère entier ne lui a pas apporté que les louanges de ses contemporains, mais malgré les revers d’une vie d’artiste chaotique, il s’emploie à rester un homme positif et un musicien intègre. Derrière l’imposant guitariste dont l’exubérante apparence brouille sérieusement l’image, il y a l’éclectisme du fan qu’il est resté, et cet humour ravageur qui peut parfois décontenancer.
Popa Chubby reconnaît volontiers la force expressive de ses aînés, de Muddy Waters à Willie Dixon, mais ne veut pas s’interdire pour autant de dénoncer les écarts de langage, les pouvoirs autoritaires, et les choix politiques absurdes de nos dirigeants. Il vit, pense, agit comme un bluesman, mais il est blanc et la société américaine ne parvient pas à l’identifier. Il n’entre pas dans les caractéristiques stéréotypées du musicien noir jouant seul de la guitare dans les clubs miteux du sud des Etats-Unis.
Popa Chubby est un New-Yorkais blanc qui se débat pour trouver sa place dans une Amérique qui lui refuse son statut d’artiste libre et s’émeut de ses déclarations incendiaires, mais souvent pertinentes. Il n’entend pas se laisser dicter ses choix et adopter la bonne conduite que l’on attend de tout citoyen américain. Les propos qu’il tient parfois peuvent, en effet, heurter la conscience des bien-pensants, mais au-delà des mots, choisis pour faire réagir, il y a un message qu’il faut entendre.
Le dernier album de Popa Chubby s’intitule « Universal Breakdown Blues ». Outre cette diatribe sur l’état économique de la planète, ce disque reflète assez justement la fragilité psychologique de son auteur profondément atteint par les injustices et les dérives du XXIème siècle qui pénalisent son statut et son rôle d’artiste. Il ne manquera pas de le clamer haut et fort, le 24 novembre 2013, au Trianon à Paris.