L’impasse budgétaire plombe les accords de libre-échange en cours de négociation

Le sommet annuel de l'Apec, qui commence aujourd'hui à Bali en Indonésie, a des allures de rendez-vous manqué. L'absence de Barack Obama, retenu à Washington pour négocier le budget avec les républicains, est un coup dur pour les négociations en cours sur l'accord de libre-échange transpacifique.

Il va être difficile de faire bouger les lignes quand la cheville ouvrière de l'accord est aux abonnés absents. Car c'est Barack Obama qui a réveillé ce partenariat transpacifique et qui a impulsé le rythme des négociations en souhaitant parvenir à un accord avant la fin de l'année.

En 2011, il a réussi à rallier le Canada et le Mexique, puis cette année le Japon. L'objectif des Américains, c'est de faire progresser leur vision du commerce au plus vite en Asie. En insistant sur le droit de la propriété intellectuelle, le code des investissements ou encore la place des entreprises publiques. Des sujets très sensibles, parfois des points de blocage pour les pays émergents.

Mais pour beaucoup d'entre eux, comme le Vietnam ou les Philippines, accepter les conditions américaines, c'est aussi un moyen de se protéger de l'hégémonie menaçante du mastodonte chinois. Car la Chine n'est pas impliquée pour le moment dans le partenariat. L'idée des négociateurs étant d'étendre à terme ce partenariat à 12 aux 21 membres de la zone Asie-Pacifique regroupée dans l'Apec.

Un autre projet d'accord en souffrance à cause de l'impasse budgétaire aux Etats-Unis : le partenariat transatlantique

Les négociations sérieuses qui devaient commencer aujourd'hui à Bruxelles ont été reportées. Faute de budget, le secrétaire d'Etat au Commerce ne pouvait même pas payer les billets d'avion pour faire venir son équipe. Washington, à la manoeuvre dans tous les océans, apparaît aujourd'hui ensablé dans les méandres de la politique intérieure. C'est un affront pour les Etats-Unis en termes diplomatiques, c'est aussi un camouflet pour les partisans du libre-échange.

Après l'échec de l'Organisation mondiale du commerce, les négociations multilatérales ont essaimé dans le monde entier pour faire tomber les barrières commerciales sur la base, cette fois, des concessions que les Etats sont prêts à faire et non plus sur un inaccessible horizon de libre-échange.

Mais le blocage américain compromet ces efforts. Car les Etats redoutent aujourd'hui que le Congrès, volontiers pinailleur sur le budget américain, se mette à discuter, à amender tout accord international. C'est donc l'ensemble des négociations multilatérales qui pourrait pâtir de l'impasse budgétaire.

Pendant ce temps-là, le président chinois pousse son avantage

La nature ayant horreur du vide, le président chinois profite de la déconvenue de son homologue américain pour prodiguer la bonne parole. Xi Jinping a doublé sa venue au forum de l'Apec d'une tournée en Asie du Sud-Est. Celui-ci promet à ses hôtes une nouvelle route de la soie maritime, en étoffant la zone de libre-échange entre son pays et l'Asean. 

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