En anglais, ou plutôt en américain dans le texte : ce terme de government shutdown, nous explique Le Parisien, «désigne l’arrêt du fonctionnement de nombreuses administrations et des services fédéraux aux Etats-Unis», en raison du blocage budgétaire.
Les Etats-Unis sont donc «bloqués», constate Libération. «Quelque 800.000 employés du gouvernement, sur un total de plus de 2 millions, se retrouvent en congé forcé pour une durée inconnue, jusqu’à ce que le Congrès réussisse à voter une loi de finances au moins provisoire. Les services fédéraux considérés comme 'essentiels', tels que le contrôle aérien ou la sécurité aux frontières, restent assurés. Les retraites et autres allocations continuent aussi d’être versées. Mais, relève encore Libération, tous les parcs et musées publics ont dû fermer hier. A Washington, de nombreux ministères et agences fédérales se voient vidés de plus de 90% de leurs effectifs »
A quoi est dû ce blocage ? Et bien au fossé, de plus en plus grandissant, entre les deux grands partis politiques américains. C’est ce que constate notamment La Croix : «la distance entre le Parti démocrate et le Parti républicain a en effet rarement été aussi grande qu’aujourd’hui. Bien que les Américains expriment dans les sondages une défiance croissante envers leurs élus, la pression des extrêmes, surtout au sein du Parti républicain, laisse très peu de place au compromis. L’incapacité du président et des deux chambres à trouver des accords aboutit à des crises à répétition : sur le budget, la politique de l’immigration, la sécurité sociale, l’environnement. (…) La politique étrangère, elle aussi, relève encore La Croix, devient prisonnière de calculs politiciens, comme l’a montré le pas de deux de Barack Obama, soucieux de ne pas être pris à revers par le Congrès en cas de frappes sur la Syrie, le mois dernier.»
Haro sur le Tea Party
Cette radicalisation de la vie politique américaine est essentiellement imputable à l’aile droite du parti républicain : un constat établi par de nombreux journaux ce matin… Ainsi pour Le Monde, «on aurait tort d’imaginer un vrai différend sur l’Obamacare entre républicains et démocrates. Celui-ci est le prétexte choisi par le noyau extrémiste, fondamentaliste, du Parti républicain, le Tea Party, pour saboter la présidence d’Obama. C’est le reflet d’une polarisation croissante de la vie publique américaine. Il n’y a pas d’explication rationnelle à l’action du Tea Party, s’exclame encore Le Monde. Sinon la haine vouée à ce président ou une conception de la politique relevant de la guerre civile permanente.»
L’Est Républicain renchérit : «l’irruption à la Chambre des représentants de fanatiques du Tea Party à la suite des législatives de novembre 2010 est là pour confirmer que le consensus ne constitue plus, comme jadis, le carburant de la vie politique américaine. L’objectif est, en quelque sorte, de faire expier aux Américains le 'péché' consistant à avoir porté Barak Obama à la Maison Blanche.»
«Comme si les intérêts partisans n’avaient plus de frein, soupire Ouest France. Comme si la culture institutionnelle, le respect des institutions au-dessus et au-delà des partis, n’avait plus de voix. Plus de place. Plus de passeurs, d’un camp à l’autre. (…) Comme si la culture du calcul politique ne connaissait plus aucun barrage. Sous la pression des extrémistes du Tea Party, l’élu républicain de base tire la barque encore plus à droite.»
Obama intransigeant !
Alors, pour Le Figaro, le président américain ne doit rien lâcher…
«Barack Obama ne peut transiger sur l’application de l’'Obamacare', son 'grand œuvre'. S’il acceptait un marchandage, il deviendrait aussitôt un 'canard boiteux', perdant son autorité avant même les élections de mi-mandat l’an prochain. Mais, relève Le Figaro, sa responsabilité est engagée dans le dialogue de sourds qui prévaut entre démocrates et républicains. Le candidat qui avait promis de 'surmonter les divisions de Washington' se révèle prompt à diaboliser ses opposants et incapable de discipliner son camp. Ces derniers mois, il a été mis en échec sur le contrôle des armes à feu, la réforme de l’immigration, l’encadrement des écoutes de la NSA et même ses nominations au département d’État ou à la Réserve fédérale. Il est temps pour lui de réagir, s’exclame donc Le Figaro. Si l’Amérique a déjà survécu à la mise à pied de son gouvernement - vingt-six jours sous Bill Clinton -, elle ne peut se permettre un défaut de paiement : ce serait un séisme de nature à déclencher une nouvelle crise financière, voire une autre récession.»
En effet, les républicains menacent aussi de bloquer le relèvement du plafond de la dette, ce qui pourrait conduire les Etats-Unis à ne plus rembourser ses emprunts à partir du 17 octobre. Du jamais vu.
Pour l’économiste Bill Frenzel, ancien élu républicain, interrogé par Libération, ce «second shutdown sur le plafond de la dette serait bien plus grave : si les parlementaires ne se mettent pas d’accord pour réévaluer ce plafond, les Etats-Unis peuvent se retrouver en défaut de paiement partiel, affirme Bill Frenzel. Le signal envoyé à nos créanciers serait alors désastreux, avec pour résultat l’augmentation des taux d’intérêt et une désaffection pour la dette américaine, la première du monde.»
Et l’économiste américain de conclure : «même si les Américains ne soutiennent pas forcément les réformes d’Obama, ils détestent encore plus le shutdown. C’est donc une stratégie idiote et le Parti républicain n’a rien à y gagner. On peut d’ailleurs encore espérer que les réactions d’indignation et de colère de l’opinion publique le fassent changer d’avis.»
François le réformateur ?
Une 'Une' consacrée au pape et un dossier de cinq pages, ce n’est pas dans La Croix, mais dans Libération… «Le chapeau neuf du Pape», titre Libération. «Simple et accessible, François lance vendredi à Assise une réforme du gouvernement de l’Eglise», constate le journal qui s’interroge : cela fera-t-il «évoluer une institution confite dans son conservatisme ?»
Réponse prudente de Libération : «au-delà des mots, pour la doctrine, tout reste à faire et à prouver. L’Eglise est un vieil appareil qui fait de son conservatisme sinon de son immobilisme son principal credo, la pierre sur laquelle elle est bâtie. Son redoutable gouvernement, la Curie, que François veut réformer, garantit la paralysie du Saint-Siège. Il faudra plus qu’une balade en 4L dans les rues de Rome pour changer l’Eglise éternelle.»
Rentrée cul…
Enfin, retour en France, avec une rentrée culturelle torride… C’est ce que constate Le Parisien : «cinéma, livres, expos : le sexe ne se cache plus», s’exclame le journal en première page. En effet, précise-t-il, la très sérieuse maison d’édition Le Livre de poche «publie ce mercredi un polar sado-maso Juliette Society, signé par une ex-figure américaine du porno. (…) La vénérable maison Dupuis publie une BD érotique. (…) Le sage musée d’Orsay expose en ce moment une centaine de corps nus. (…) Au cinéma, La Vie d’Adèle créera la semaine prochaine l’événement avec des séquences explicites de relations sexuelles entre lesbiennes. Sur scène, les one-woman-shows déshabillent l’acte sexuel. Il y a même un spectacle trash à Paris : Au théâtre Suçoir.»
Shocking Le Parisien ? Pas du tout… «Le sexe est depuis toujours un objet d’inspiration pour les arts même s’il s’est longtemps dissimulé derrière une certaine pudeur. Quoi de plus naturel, relève le journal, qu’il trouve aujourd’hui sa place dans les livres, y compris ceux qui le racontent en termes crus, dans la bande dessinée, le cinéma grand public et même au musée. Quelques esprits ombrageux pourront s’en offusquer, mais cette exposition est souvent belle et toujours saine. A l’inverse, conclut Le Parisien, de ce que montrent ces sites qui prolifèrent sur Internet et sur lesquels, en se cachant derrière l’anonymat de la connexion numérique, le sexe devient de la pornographie.»