«Haro sur les Roms», s’exclame Libération en première page. «La droite exploite à fond le thème à des fins électorales, mais le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls lui-même dénonce 'le mode de vie extrêmement différent des nôtres de ces populations'», relève Libération, le ministre qui, du coup, doute de leur possible intégration…
Il n’en fallait pas plus pour « relancer, note le journal, la guerre de tranchées socialiste entre 'réalistes' autoproclamés - partisans de la fermeté - et tenants des grands principes d’accueil et d’intégration. »
Libération qui a choisi son camp… «Les familles roms et leurs enfants sur les places des grandes villes de France, leurs campements, sont autant de verrues honteuses de nos sociétés nanties. Certes, peu de Roms 's’intègrent', comme le dénonce Manuel Valls, l’homme qui 'veut dire la vérité aux Français'. Et alors ? », s’exclame le journal. «'La vérité', c’est de dire qu’il n’y a pas de 'menace' rom, estime Libération. La 'vérité', c’est aussi la liberté d’un peuple dans une Europe qui tire gloire de faire circuler hommes, biens et surtout capitaux. 'La vérité', pour la gauche, c’est de défendre les exclus et non d’attaquer les populations les plus vulnérables.»
A contrario, Le Figaro défend et amplifie les propos du ministre de l’Intérieur… «Roms : Manuel Valls sonne l’alarme», titre le quotidien d’opposition. «Il n’est plus une région, un département, une ville aujourd’hui qui ne soient confrontés à l’installation de plusieurs campements de Roms. Violation du droit de propriété, dégradation de l’environnement, explosion de la délinquance, la France vit sur un volcan, s’exclame Le Figaro, qui entrera en éruption si rien n’est entrepris pour éteindre le feu. Face à un Front national en embuscade, les élus, de droite comme de gauche, appellent au secours. Même à Paris, la candidate socialiste Anne Hidalgo s’inquiète: pas question que la capitale devienne 'un campement géant'. Tous sont démunis. Et les recours judiciaires ne font que déplacer le problème. C'est, bien sûr, conclut Le Figaro, au gouvernement de prendre les choses en main, de lancer un plan d'urgence.»
Surenchère sécuritaire ?
Halte au feu, lance de son côté La Charente Libre : «le débat national a rebondi hier sur un terrain d’élection richement illustré cet été, les Roms. Ou comment une population équivalente à une grosse sous-préfecture, 15.000 personnes environ, parvient à obséder les élus au point qu’ils en perdent la boussole, tous partis confondus. (…) La prochaine campagne des municipales offre un formidable terrain de bataille pour toutes les surenchères sécuritaires, relève le quotidien charentais. On serait bien inspiré de redescendre des estrades pour trouver les réponses. Moins de discours. Que l’Europe fasse en sorte que Roumanie et Bulgarie donnent aux Roms des conditions de vie décentes. Que la France puise dans les meilleures expériences de terrain pour aider à l’intégration des familles qui le souhaitent à l’intégration des familles qui le souhaitent, au départ pour les autres.»
Enfin, La Croix rappelle le message du pape François à propos des immigrés et des réfugiés, le pape François qui «dénonce une attitude de défense et de peur, de désintérêt ou de marginalisation' qui conduit nos sociétés à une 'culture du rebut'. (…) De nombreux Français et élus locaux sauront gré au ministre de l’Intérieur de sa politique, relève La Croix. Et beaucoup de croyants auront du mal à entendre les appels des autorités religieuses comme impératifs. Pourtant, affirme le quotidien catholique, aux uns comme aux autres, il est demandé de lutter contre les réflexes de défense et de peur, à la veille d’élections où seront largement brandies ces inquiétudes. La peur ne fait pas une politique.»
Marqué au fer rouge ?
Une jolie double page de pub dans Le Figaro ce matin… On y voit Carla Bruni-Sarkozy, couverte de bijoux, poser pour un célèbre joailler italien… Plutôt banal, me direz-vous, sauf qu’à la page suivante, drôle de hasard, on apprend que les ennuis judicaires se poursuivent pour l’époux de Carla. En effet, «affaire Bettencourt : l’instruction du juge Gentil validée», constate Le Figaro. «La chambre de l’instruction n’a retenu aucune des demandes de nullité avancées par la défense de Nicolas Sarkozy, et elle a validé l’ensemble des mises en examen.»
«Bettencourt : l’enquête des juges confortée», titre de son côté Libération. «Mis en examen au printemps, soupçonné d’avoir touché de l’argent de la milliardaire pour financer sa campagne présidentielle de 2007, l’ex-président de la République a perdu hier une nouvelle bataille de procédure, relève le journal. Après plus de trois mois de réflexion, la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Bordeaux a conforté hier dans son arrêt l’essentiel de l’enquête menée par le juge d’instruction Jean-Michel Gentil depuis presque trois ans. »
Alors, s’interroge Libération, « comment va se terminer le bras de fer entre Jean-Michel Gentil et Nicolas Sarkozy ? Le juge d’instruction va-t-il renvoyer devant un tribunal celui qu’il s’est toujours obstiné à appeler simplement 'monsieur', et jamais 'monsieur le président' ? S’il décide de le renvoyer, et qu’aucun recours ne vient encore ralentir le processus, une audience pourrait se tenir en 2014. Puis un éventuel appel l’année suivante ou en 2016. Un calendrier judiciaire catastrophique pour l’agenda électoral d’un futur candidat à la présidentielle de 2017… »
L’horizon s’obscurcit pour l’ancien président, estiment plusieurs journaux ce matin. «Reverra-t-on un jour Nicolas Sarkozy aux commandes de l’UMP ?», s’interroge le Midi Libre. «Cela est désormais peu probable, répond le journal. En validant la procédure de l’affaire Bettencourt, la cour d’appel de Bordeaux vient en effet de compromettre un peu plus son retour aux affaires. (…) Comme Chirac ou De Villepin avant lui, l’ex-chef de l’État va devoir répondre à nouveau aux convocations humiliantes du juge Gentil, se coltiner ses interminables interrogatoires, affronter les journalistes à la sortie de son bureau. Pire. Le chef de file de la France Forte ne devrait plus échapper à un procès en correctionnelle, et peut-être à une condamnation.»
«Qu’il soit traduit en correctionnelle ou qu’il bénéficie d’un non-lieu, il risque fort de rester marqué au fer rouge par cette affaire Bettencourt, renchérit La Nouvelle République du Centre Ouest. Laquelle, comme tous ces pataquès politico-judiciaires qui, depuis des lustres, embrouillent le paysage, a semé le doute.»
Et, du coup, relève Le Journal de la Haute-Marne, «il y a fort à parier que derrière une unité de façade et quelques protestations de principe dans l’ex-parti majoritaire, les prétendants à la fonction suprême sont plutôt heureux de ce nouveau coup porté à l’ancien président de la République. Entre les sarkozystes qui hurlent à l’acharnement et les ambitieux qui se réjouiraient d’un non-retour de l’ex-chef de l'Etat, la Justice s’immisce indirectement dans la vie politique de notre pays.»
Rumeur de coup d’Etat en Guinée ?
Enfin, révélation du Canard Enchaîné ce matin : un coup d’Etat serait imminent en Guinée, s’il faut en croire des notes de la CIA et de la DGSE… «Les troubles pourraient être déclenchés dès la semaine prochaine», croit savoir l’hebdomadaire. «Des mercenaires français, sud-africains et israéliens, disposant de relais à Paris et en Afrique et soutenus par un roi du diamant, en l’occurrence, le milliardaire franco-israélien Beny Steinmetz, préparent donc un coup d’Etat», affirme Le Canard. Objectif : le contrôle d’une partie des fabuleuses richesses minières du pays.
«Le document des services français, détaille le journal, évoque 'de sérieux risques d’opérations en cours, tendant à déstabiliser l’Etat guinéen'. Et un 'mode opératoire' consistant, lors de grandes manifestations, à 'inciter la police et les forces armées à recourir à la force et ainsi créer des martyrs'».