Le budget 2014 sera dévoilé dans 15 jours, mais on en connaît déjà les grandes lignes… Et les critiques fusent dans les journaux.
« Pause fiscale pour les entreprises, pas pour les ménages », déplore Le Monde en première page.
« Budget 2014 : la pause fiscale n’aura pas lieu », s’inquiète Le Figaro.
Qui plus est : « Déficit : la France dérape malgré le choc fiscal », s’alarment Les Echos.
Le Parisien nous dévoile les « nouvelles taxes » destinées à limiter le déficit de la Sécurité sociale.
Pour sa part, Libération s’emporte contre Hollande qui, finalement, a décidé de ne pas augmenter le diesel, avec ce grand titre : « Hollande l’enfumeur. »
Personne n’est content, donc… A commencer par la presse d’opposition. « En fait de pause fiscale, les contribuables vont avoir droit à une nouvelle ration d’impôts et de taxes, fulmine Le Figaro. De toutes les formes et de toutes les couleurs : TVA, cotisations retraite, droits de mutation, ISF, impôt sur le revenu… Une bonne douzaine de milliards en tout, d’après les calculs du président de la commission des finances à l’Assemblée. » Et, « du côté des économies, il faut se contenter - cela devient une habitude - d’un grand flou artistique. Où va-t-on tailler ? Mystère et boule de gomme. (…) Le résultat de la grande révolution budgétaire que l’on nous présente est édifiant, conclut Le Figaro. Avec, au bout du compte, un dérapage incontrôlé des déficits, largement supérieurs à ce qui était prévu. »
En effet, insistent Les Echos, « il y a un hic : autant les hausses d’impôts sont une réalité immédiatement perceptibles, autant les économies restent abstraites. »
« Le contribuable sait toujours ce qu’il va devoir payer, relève La Montagne, mais ne sait jamais ce sur quoi l’État va économiser. (…) Il est permis de se demander si ce projet de budget ne relève pas de la grande illusion. »
« Dans ces conditions, remarque La République des Pyrénées, il n’est pas aisé de convaincre qu’un budget est 'de gauche', surtout quand l’on entend ménager les entreprises au plan fiscal au nom de l’emploi. »
A contrario, Le Républicain Lorrain y voit un progrès : « l’entreprise n’est plus regardée comme une vache à lait. C’est de sa bonne santé ou non que dépend celle de l’emploi et, par voie de conséquence, du pouvoir d’achat. Ce dernier étant à la source de la consommation, principal moteur de la croissance en France, le gouvernement Ayrault a fait le choix d’une politique qui privilégie les acteurs économiques plutôt que le soutien à la consommation par une dépense publique devenue mortifère. » Et le quotidien lorrain de conclure : « quoi qu’en disent à la fois la droite et Jean-Luc Mélenchon, on avance. »
Amateurisme ?
Libération, pour sa part, s’emporte contre Hollande, mais pas pour les raisons que l’on vient d’évoquer… En effet, Libération déplore le renoncement du gouvernement à propos de la hausse du diesel. « A une semaine de la deuxième conférence environnementale, le gouvernement s’est payé hier une journée de n’importe quoi total sur la fiscalité du diesel, s’exclame le journal. Qui s’est néanmoins terminée sur une certitude : en 2014, le gouvernement ne touchera pas à l’avantage fiscal dont bénéficie ce carburant par rapport à l’essence - soit 7 milliards d’euros chaque année - malgré les risques avérés de santé publique qu’il pose. » Et « plutôt que d’expliquer son choix, soupire Libération, le gouvernement s’est emmêlé, hier, dans les vraies-fausses déclarations de son ministre de l’Ecologie, donnant une fois encore une désagréable sensation d’amateurisme. (…) En faisant fi de réalités environnementales et en gâchant sa communication, le chef de l’Etat et son Premier ministre entretiennent l’idée de leur mépris pour les problèmes écologiques. Reste à savoir, conclut Libération, comment les Verts et leurs ministres réagiront à ce camouflet. »
Justement, complète Le Journal de la Haute-Marne, « les écologistes sont, bien sûr, comme une partie des parlementaires socialistes, vent debout face à ce qu’ils considèrent comme un renoncement - un de plus - à la cause verte. »
Du coup, constate La Voix du Nord, « les deux ministres Verts Cécile Duflot et Pascal Canfin s’étonnent à haute voix. Le co-président du groupe écologiste à l’Assemblée, François de Rugy, menace déjà de ne pas voter le budget en l’état. Un acte qui scellerait le divorce entre socialistes et écologistes. »
Cigarettes électroniques, aspartame, boissons énergisantes…
Pas de taxe sur le diesel, donc, mais le gouvernement a d’autres idées pour renflouer les caisses, notamment celles de la Sécurité sociale… C’est ce que dévoile Le Parisien ce matin. Le Parisien qui s’appuie sur « un document confidentiel, et qui renferme un secret jusqu’ici bien gardé : le plan du gouvernement pour limiter en 2014 le trou de la Sécu (14,3 milliards d’euros prévus cette année). Ce rapport détaille 6 milliards d’euros de nouveaux prélèvements et économies qui vont toucher les Français et les entreprises l’année prochaine. Voire au-delà. (…) Avec une ligne directrice, précise le journal : à chaque mode, chaque phénomène de société, sa ponction au nom de la santé publique. Après la fameuse tentative parlementaire, l’an dernier, d’instaurer une 'taxe Nutella' sur l’huile de palme, Marisol Touraine s’apprête à dévoiler un nouveau prélèvement sur les cigarettes électroniques, sur les produits contenant de l’aspartame, sur les boissons énergisantes, ou encore sur les vins transformés, comme par exemple, le rosé pamplemousse qui a fait fureur cet été. Pour le gouvernement, explique Le Parisien, il s’agit, ni plus ni moins, que de taxes 'comportementales' visant à réduire la consommation de produits supposés dangereux. »
Maintenir la pression !
Le dossier syrien : la partie de bras-de-fer se poursuit entre Washington et Moscou. « Syrie : un duel feutré entre Amérique et Russie », titre Libération. « Washington veut prévoir des sanctions en cas de non-coopération de Damas à la destruction de son arsenal chimique. Moscou s’y refuse. Les deux puissances négocient aujourd’hui à Genève. (…) Si le dossier syrien est par moments franchement brouillon, commente Libération, on peut au moins déduire une chose de cette rencontre : ces jours-ci, la voie diplomatique prime sur l’option militaire. »
De son côté, « Paris s’embourbe », estime L’Humanité. « Désormais, François Hollande est sur la touche et le plan de contrôle des armes chimiques en Syrie élaboré à Moscou se discute entre les chefs de la diplomatie russe et états-unienne. L’Elysée devra attendre que John Kerry veuille bien l’informer. »
En tout cas, estime Le Monde, « il est essentiel que, tout en évitant soigneusement un marché de dupes dans ce qui s’annonce comme une laborieuse négociation, les Etats-Unis et leurs alliés maintiennent la pression sur Damas et sur Moscou. Car c’est bien la menace de frappes militaires qui a amené Vladimir Poutine à changer de position et à bouger sur le dossier syrien. En attendant, conclut Le Monde, Bachar Al-Assad continue à détruire son pays et à massacrer sa population. Les Russes excellent aux échecs. On aurait tort de l’oublier. »
Monument vivant
Enfin, le portrait du jour de Libération est consacré à un monstre sacré du cinéma français : Michel Piccoli, 87 ans… Le journaliste de Libé paraît tout intimidé face à ce « monument vivant », comme il le qualifie : « Michel Piccoli est là, devant nous, pour de vrai, dans le hall vide de la Cinémathèque française, où un hommage d’un mois (projections, conférences) lui est rendu. (…) Piccoli est un corps majestueux, d’une présence étrange dans sa normalité (ou l’inverse), qui a servi de matière filmique, rappelle Libération, à Renoir, Godard, Buñuel, Ferreri, Rivette, Sautet, Brisseau, Vecchiali, Bonello, Carax… Sans aucun équivalent contemporain, il s’est construit une carrière féline, bondissant sur tous les toits de la cinéphilie, s’ingéniant à ne jamais retomber au même endroit, à se réinventer, à tourner sans cesse. »
Quant à son grand âge, « sur ces années qui commencent 'à tracasser et à taquiner', affirme-t-il. Il règle le problème en évoquant le réalisateur portugais, Manoel de Oliveira, 104 ans : 'Pourquoi ne pas faire comme lui, affirme en effet Piccoli, et continuer encore des années ?'.»