Il n'y aura pas de nouvelle casse d'œufs géante par les producteurs aujourd'hui en France. Hier soir, les éleveurs bretons les plus remontés ont en revanche décidé de se constituer en collectif pour réclamer un prix plancher : 85 centimes d'euros le kilo.
A 60 centimes le kilo d'œufs aujourd'hui, on est encore loin du compte, même si le cours a un peu remonté la pente depuis son grand creux du mois d'août. La reprise de l'activité agro-alimentaire après la trêve estivale y est pour beaucoup ; le virus qui décime les poules pondeuses italiennes contribue aussi au regain des prix de l'œuf en France. Mais ce n'est qu'un « frémissement » loin d'être suffisant aux yeux des producteurs.
Pourquoi les prix ont-ils autant chuté alors qu'ils étaient trois à quatre fois plus élevés l'an dernier et que l'on manquait d'œufs ? Les producteurs à l'époque n'avaient pas terminé la mise aux normes de leur élevage, ce qui avait créé la pénurie. Cette année, la situation s'est inversée, les poulaillers flambant neufs, avec nids et grattoirs pour que les poules se liment les griffes, ont coûté cher, alors les éleveurs ont été encouragés à produire beaucoup plus étant donné le bon niveau des prix. Ce qui a entraîné une surproduction et donc une chute brutale des cours.
Depuis un mois, on réfléchit à la façon de résorber le surplus d'œufs, notamment par les exportations. La France n'exporte pas encore d'œufs frais comme le font les Pays-Bas, par bateau, dans des conteneurs réfrigérés. En revanche, les industriels français de l'œuf exportent déjà beaucoup d'œufs - blanc, jaunes, entiers - sous forme liquide au Maghreb, au Moyen-Orient et jusqu'au Venezuela, pour les industries locales de l'agro-alimentaire ; ou sous forme de poudre, jusqu'à Singapour et au Japon, où le blanc d'œuf est utilisé pour fabriquer les bâtonnets de poisson, les fameux surimis.