Négociations au point mort, vague d’arrestations de populations noires, et un attentat-suicide hier… Les événements s’enchaînent à Kidal, parfois dans la plus grande confusion, et la situation est bloquée.
Pour ce qui est des pourparlers, « après plusieurs jours de tractations à Ouagadougou, le gouvernement et le MNLA sont encore loin d’un accord », constate L’Indicateur du Renouveau à Bamako. « Pour Bamako, la présence de l’armée est une exigence, rappelle le journal. Le gouvernement ne cesse de rappeler qu’il ne peut y avoir deux armées dans le pays et que la présence de l’armée nationale, avant même le 1er tour de la présidentielle, le 28 juillet prochain, est un impératif. (…) Du côté des groupes armés, on ne veut pas non plus évoluer, relève L’Indicateur du Renouveau. 'Les concessions faites par le MNLA ont des limites qui ne peuvent être dépassées', soutient un de ses porte-paroles, qui prétend qu’il n’est pas question d’accepter les propositions faites, principalement le retour de l’armée malienne sur le sol de Kidal. Il tente de justifier le refus, encouragé par la France, par des exactions présumées ciblant des populations touarègues et attribuées directement à l’armée malienne ou à des milices travaillant avec elle. »
En tout cas, le week-end dernier, ce sont les populations noires de Kidal qui ont fait les frais apparemment de la situation… D’ailleurs la France a vivement réagi lundi. Ce dont se félicite Le Républicain : « La déclaration du porte-parole du Quai d’Orsay, du lundi 3 juin, a eu l’avantage d’être précis sur deux points, relève le quotidien bamakois : à savoir qu’il se passe des exactions à Kidal, et qui est le fait des groupes armés sur les populations songhaï, peul et bella, d’une part. Et que la France, pays des droits de l’homme ne cautionne pas, mais condamne, d’autre part. »
Equation complexe…
L’Observateur Paalga au Burkina, dans un article largement repris par les médias maliens, fait part de son indignation : « Après avoir renoncé au forceps à ses velléités sécessionnistes et mis fin à son flirt avec les islamistes qui les avaient auparavant répudiés, le MNLA n’en finit plus de se poser en obstacle à la restauration de l’unité nationale et de l’intégrité territoriale du Mali. De par ses ambiguïtés politiques et par ses incessantes bravades à la communauté internationale, à l’autorité centrale. Dernière provocation en date de ce mouvement séparatiste : les exactions contre plusieurs habitants de Kidal qu’il considère comme un terrain conquis et, par conséquent, où il s’y comporte en maître absolu. » Et L’Observateur d’appeler « la communauté internationale, particulièrement la France, à faire preuve de plus de fermeté à l’égard de ces 'hommes bleus' dont les agissements contre la paix, dit-il, n’ont que trop duré. »
Par ailleurs, un attentat-suicide s’est donc produit hier à Kidal. Un kamikaze s’est fait exploser dans la maison d’un chef militaire du MNLA. « A qui profite cet attentat ? », s’interroge le site d’information Fasozine. « Faut-il y voir la main de l’armée malienne ? L’armée malienne serait-elle prête à faire feu de tout bois pour anéantir la rébellion afin de reprendre ses droits sur Kidal, y compris à commanditer des attentats-suicides ? », s’interroge encore Fasozine. « En attendant que le mystère de cet attentat s’éclaircisse, force est de constater que l’équation Kidal reste aussi complexe pour les autorités maliennes que pour la France, relève encore le site burkinabé. La France, qui joue également le rôle d’arbitre dans le bras de fer autour de Kidal, doit éviter un affrontement sanglant qui pourrait être préjudiciable à l’élection présidentielle prévue fin juillet. »
Qui sautera le verrou ?
Autre source d’interrogations et de rumeurs : l’état de santé du président algérien… « Cela fait bientôt 40 jours que le président Bouteflika est absent du pays pour raison de santé, constate le quotidien Liberté. Il y a plus d’un mois, on nous assurait que son état s’était nettement amélioré. D’autres sources avaient juré qu’il serait à Alger pour recevoir le Premier ministre turc Erdogan. Mais à ce jour, point de Président en Algérie. »
Alors, relève Liberté, selon l’article 88 de la Constitution, « le Conseil constitutionnel est censé se réunir 'de plein droit' pour 'vérifier la réalité de cet empêchement par tous les moyens appropriés' et proposer au Parlement de déclarer l’état d’empêchement du président. »
Seulement voilà, constate le journal, le Conseil constitutionnel est présidé par un proche de Bouteflika qui fait barrage… « Question, s’interroge Liberté : si la vacance actuelle devait perdurer encore, qui sautera donc le verrou ? »