A la Une : des casques bleus pour le Mali

Le Conseil de sécurité de l'ONU a autorisé hier la création d'une force de maintien de la paix de 12 600 casques bleus au Mali, la Minusma, la Mission intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali. Elle prendra le relais de la Misma. Il est prévu qu’elle soit déployée le 1er juillet prochain, si les conditions de sécurité le permettent, et « pour une période initiale de 12 mois ».

Peu de commentaires encore dans la presse. Si ce n’est celui du site Internet Slate, qui entend expliquer « pourquoi l’envoi de casques bleus n’a pas de sens ». Pour tout argumentaire, Slate cite un diplomate anonyme qui remarque qu’il est « inhabituel de lancer une opération de maintien de la paix alors qu'il n'y a pas de paix à maintenir ». Bon.. Un peu court quand-même, mais le journal en ligne souligne le coût et les risques de l’opération et relève que les casques bleus devront aussi aider les autorités maliennes à instaurer « un dialogue politique national ».

Mali : cheval de Troie

Justement. Ce dialogue au Mali retient une nouvelle fois l’attention de la presse régionale. Si le déploiement de casques bleus dans le nord du Mali est « l’aboutissement d’une longue bataille diplomatique », souligne Le Pays, au Burkina-Faso, « sur le terrain, l’heure n’est pas tout à fait aux réjouissances. Car, au même moment, le MNLA martèle qu’il ne désarme pas, tant qu’il n’aura pas obtenu un statut clair pour l’Azawad ».

« La situation devient extrêmement grave, explosive », même, estime le quotidien ouagalais, qui s’interroge sur « l’attitude de la France » dans cette affaire. « Car, l’arrogance et l’intransigeance du MNLA face à Bamako montrent clairement qu’il compte sur le soutien et l’appui de Paris », insiste Le Pays. Dès lors, le journal se demande si la France se sent « plus dévouée à la cause touarègue qu’à celle du Mali » et si le MNLA n’est pas le « cheval de Troie de la France » dans ce pays.

« Il ne faudrait (…) pas charrier, enchérit L’Observateur Paalga (…) Il est inadmissible que Kidal, en plein Mali, devienne la place forte d’un groupe armé qui ne demande que la partition d’un pays ». Mais attention, met en garde le quotidien burkinabè, « à force de jouer les apprentis-sorciers, on finit toujours un jour par se brûler ».

Mali : le félin

Et puis cette information du journal malien L’Aube, qui affirme que le chef du mouvement jihadiste Ansar dine Iyad Ag Ghaly serait en Libye. Selon le journal, Iyad Ag Ghaly « aurait franchi les frontières depuis longtemps. Il serait localisé dans le Sud libyen où le félin bénéficierait sans doute d’attaches parmi la communauté touarègue », affirme L’Aube.

Mali : dialogue de sourds

Pendant ce temps à Bamako, la Commission électorale et le gouvernement étalent leurs divergences au grand jour au sujet des élections. Le « chronogramme » des élections, un grand classique en Afrique. Comme le souhaitent notamment la France et les Etats-Unis, le gouvernement veut organiser les élections le plus tôt possible, c'est-à-dire en juillet prochain. Une gageure pour la Commission électorale.

Voilà pourquoi le président de la dite commission « vient de mettre le pied dans le plat », note L’Indépendant. « Ce qui crée de facto un climat de chienlit entre la CENI et les autorités de la transition », estime le journal malien. Rien de bien étonnant aux yeux du confrère, pour qui le désaccord entre la Commission électorale et le gouvernement sur le respect des dates fixées pour le scrutin n’est en fait qu’une manière de « penser tout haut ce que plusieurs acteurs pensent tout bas depuis un certain temps » au Mali.

Côte d’Ivoire : il était une fois dans l’Ouest

Elections toujours, en Côte d’Ivoire, cinq jours après le scrutin, les résultats complets des municipales et régionales n’ont toujours pas été publiés. Et le ton monte entre certains caciques des deux principaux partis de la coalition au pouvoir. Dans la région du Moyen Cavally, à l’ouest du pays, près de la frontière libérienne, c’est le « pilonnage à l’arme lourde » entre les ministres Anne-Désirée Ouloto et Dagobert Banzio, lance L’Eléphant Déchaîné. « Jusqu’à l’indécence ! », s’exclame le journal.

Etant rappelé qu’Anne-Désirée Ouloto, est une proche du président Ouattara, dont elle fut même la porte-parole, et que Dagobert Banzio est un baron du PDCI, l’ancien parti unique, allié au chef de l’Etat, L’Eléphant Déchaîné note que la première a accusé le second de « fraude » et que son rival dans les urnes dimanche dernier a balayé ces accusations en traitant Anne-Désirée Ouloto « d’illettrée » dans un récent numéro du journal Le Nouveau Réveil, quotidien proche du PDCI. « A l’ouest, la violence n’est pas près de s’estomper, soupire L’Eléphant Déchaîné. Entre attaques au mortier et ripostes à bouche armée, il pèse une lourde hypothèque sur le retour à la paix dans le Cavally ».

Ce matin, la querelle se prolonge dans l’Intelligent d’Abidjan. Le quotidien indépendant ivoirien constate qu’Anne-Désirée Ouloto accuse Dagobert Banzio et l’ancien directeur du Nouveau Réveil Denis Kah Zion « d’offense au chef de l’Etat, qu’ils ont traité de Mossi qui veut vendre nos terres aux Burkinabés ».

Et dans le même journal, Dagobert Banzio réagit en déclarant qu’Anne Ouloto « parle beaucoup parce qu’elle a perdu les élections ».

Le Moyen Cavally ? Un vrai western.

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