Voilà cinq ans que la société canadienne TransCanada tente de concrétiser le projet d'acheminer le pétrole des sables bitumineux du Canada vers les raffineries du Texas, sur la côte sud-est des Etats-Unis. Jusqu'à présent l'administration américaine s'y était opposée pour des raisons environnementales : le tracé nord de Keystone XL traversait la réserve naturelle des « Sand Hills », dans l'Etat du Nebraska, où auront lieu les auditions aujourd'hui.
TransCanada n'avait pu commencer les travaux que sur la portion sud vers la côte du Golfe du Mexique. Mais le nouveau tracé de Keystone XL évite désormais la zone fragile des « Sand Hills ».
Les écologistes auront bon défendre que Keystone menace potentiellement des nappes phréatiques très abondantes au nord des Etats-Unis, et que c'est un appel d'air pour le développement d'une des productions les plus sales de pétrole, celle des sables bitumineux, très émettrice de gaz à effets de serre, le département d'Etat américain - chargé du dossier parce qu'il s'agit d'un projet transfrontalier - a donné son feu vert dans un rapport préliminaire, qui devrait convaincre Barack Obama.
Jusqu'à présent, le président américain avait très habilement navigué entre la défense de l'environnement et les intérêts pétroliers, puisqu'il a soutenu l'essor de la fracturation hydraulique, tout en encourageant les industries vertes. Cette fois, il devrait écouter les compagnies pétrolières qui lui font miroiter des créations d'emplois et une indépendance accrue vis-à-vis du pétrole vénézuélien ou des pays arabes.
Pourtant, à l'heure où les Etats-Unis sont de plus en plus autosuffisants en énergie, le pétrole canadien devrait être majoritairement exporté, en Europe et en Amérique du Sud, sous forme de diesel. C'est exactement ce que cherchaient les compagnies qui exploitent les sables bitumineux canadiens : désenclaver leur production, jusqu'à présent prisonnière de l'Alberta, et donc dévalorisée, alors que les sables bitumineux sont très chers à exploiter.