Les farines animales bientôt de retour dans les élevages de poisson en Europe

Les farines animales étaient interdites dans l'alimentation du bétail en Europe depuis l'épidémie de vache folle, il y a quinze ans. Elle vont faire leur retour sous une autre forme, le 1er juin, dans les élevages de poisson.

On dit toujours « farines » animales par facilité, mais ce mot est officiellement banni, il désignait les farines que l'on fabriquait à partir de carcasses d'animaux qu'ils soient sains ou malades, c'est ce qui avait permis la propagation du prion de l'encéphalite spongiforme bovine ou vache folle dans toute l'Europe.

Désormais ces farines-là finissent dans les cimenteries. Ce qui sera autorisé pour les poissons d'élevage dans un peu plus de trois mois, ce sont les « protéines animales transformées », les PAT, issues de morceaux sains de la volaille ou du porc qui ne sont pas consommés par l'homme : poumons, cous et pattes de poulet, cartilages... Plus rien à base de ruminants.

La réintégration de ces protéines animales saines, la Commission européenne y réfléchit depuis cinq ans. C'est un enjeu de plus en plus important à l'heure où les prix des aliments pour les animaux d'élevage flambent, que ce soit le coût de la farine à base d'anchois sauvages pour les saumons, ou que ce soit les farines de soja, pour les poissons et le bétail, du soja OGM d'Amérique latine qui plus est.

Pas question pour Bruxelles de nourrir les bovins avec des protéines animales. Mais l'Europe envisage à moyen terme d'en donner aux omnivores, comme le font déjà la Russie, le Canada, mais aussi la Suisse : des protéines de volaille aux porcs, et des protéines de porc aux volailles, lorsque l'on aura mis au point les tests suffisants pour garantir qu'il n'y a pas d'erreur d'aiguillage. Pour l'heure, la Commission européenne s'en tient aux poissons d'élevage, histoire de soutenir l'aquaculture européenne, qui ne fournit pas le tiers des poissons et crustacés d'élevage consommés par les Européens.

Reste à convaincre le consommateur, après le scandale du cheval changé en boeuf, ça ne sera pas facile. La France en est consciente, elle suggère déjà la création d'un label « poisson nourri sans farine animale » ! La Norvège, qui ne fait pas partie de l'Union européenne, s'est pour l'instant interdit cette pratique et elle l'estime périlleuse : donner des protéines de porcs au saumon pourrait détourner une grande part de la clientèle musulmane.
 

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