1 - Eric Scherer, directeur de la Prospective à France Télévisions

Eric Scherer, directeur de la Prospective à France Télévisions est l'invité de L'Atelier des médias. Observateur attentif de l’évolution des médias, Eric Scherer vient de publier son dernier Cahier de Tendances qui décrypte les nouveaux usages de consommation et production de l’information. Cette publication semestrielle est un des grands rendez-vous de la prospection média. Elle est toujours très attendue de tous les spécialistes et tous les passionnés de la révolution numérique.

Eric Scherer joue un rôle de tête chercheuse et d'éclaireur dans les nouvelles technologies. Son blog Meta-media retranscrit son travail. Il est également professeur à l’école de journalisme de Sciences Po Paris.

Ce quatrième numéro, intitulé “Médias : le low cost passe en mode industriel”, met l’accent sur le phénomène d’industrialisation des modes de production et de distribution low cost. Le but de ce travail est de comprendre les changements des usages du public. C’est-à-dire, la façon dont le citoyen consomme l’information, se divertit, se cultive. Ce Cahier s’attarde sur les nouvelles pratiques du journalisme, toujours en mutation, dans l'espoir d’offrir une “boîte à outils numériques”.
La mode est à la mobilité via les smartphones et les tablettes. Cette évolution touche notamment la télévision, soumise à de nouveaux rythmes, de nouvelles interfaces, de nouveaux formats.

Les grands sujets du Cahier de Tendances

Cité au début du Cahier de Tendances, Bruno Patino, directeur général délégué au développement numérique et à la stratégie de France Télévisions, explique que les nouveaux consommateurs d’informations réinventent la télévision. Aujourd’hui, on ne se contente plus de regarder son écran. Le téléspectateur veut interagir avec ce qu’il voit. En fait, il réinvente et enrichit l’expérience télévisuelle. “Aujourd’hui, smartphones et tablettes sont les écrans essentiels où contenus et oeuvres sont commentés et partagés, remixés et coproduits, seul ou à plusieurs”.

Parallèlement à ces bouleversements, des processus moins onéreux de création et de diffusion de contenus animés sur Internet se démocratisent. Selon Eric Scherer, nous entrons dans le seconde étape de la révolution numérique avec l’Internet mobile, le rôle du second écran, la TV connectée, le cloud et l’exploitation des données. “Aujourd’hui, les nouveaux médias low cost sont passés à la phase industrielle”.

Le low cost numérique
Grâce au passage au numérique, les nouveaux médias se sont réappropriés le low cost (bas de gamme) pour le redéfinir. Désormais, ils produisent “plus, mieux et moins cher”. Par ailleurs, le format du contenu numérique offre une multitude de services supplémentaires peu coûteux : il est connecté, social, distribuable, modifiable... Et c’est l’utilisation qu’en fait le consommateur qui donne sa valeur. Eric Scherer prend plusieurs exemples pour illustrer ces propos : le blog est un journal sans les charges d’une imprimerie, le smartphone est une caméra et une télévision connectée, Twitter est devenu une agence de presse mondiale et gratuite, un espace de conversations.

L’auto-édition, l’auto-distribution
Aujourd’hui, les citoyens utilisent les mêmes outils que les journalistes. Ils produisent, publient, commentent. Internet a favorisé la diffusion des créations, notamment au moyen des réseaux sociaux. Désormais, un amateur peut concurrencer un professionnel sur des réseaux tels que Twitter, Instagram, Youtube.Parallèlement aux nouvelles créations, de nouveaux modes de financement émergent. La co-création et la co-production sont deux tendances qui passent par un appel au public (crowdfunding). Cette technique favorise le mélange d’outils, de compétences puisqu’elle repose sur le participatif.

YouTube, un média à part
Cette plateforme sociale de vidéos est accessible à tous et dans le monde entier. Les amateurs y sont les nouveaux-pro, créant ainsi un nouvel écosystème professionnel-amateur. En France, YouTube est devenu le 1er site d’entertainment. Eric Scherer démontre qu’aujourd’hui, il cherche à s’industrialiser : chaînes éditorialisées, playlists personnalisées, système de recommandations, audience mobile privilégiée.

La TV réinventée par le public
La télévision est certainement le média qui a le plus de retard en matière d’innovation numérique. “Cette transformation passe, comme ailleurs, par des modifications radicales des modes de consommation, des usages et des habitudes, facilités par la pénétration du haut débit et des terminaux mobiles”. Le consommateur d'informations est devenu omnivore, il se nourrit de beaucoup de contenus qu’il va lui-même choisir sur différents médias et en temps réel.

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